À une intersection, les gens qui se déplacent à pied ou à vélo ont la priorité. Les automobilistes sont de plus en plus nombreux à recevoir un constat d'infraction pour avoir contrevenu à ce règlement, selon les plus récentes données de la SAAQ.

568 CONSTATS D'INFRACTION

Selon la SAAQ, le nombre de constats d'infraction pour non-respect de l'article 349 du Code de la sécurité routière est passé de 93 en 2005 à 568 en 2015 pour l'ensemble du territoire québécois. « On ne peut pas dire si c'est parce qu'il y a plus de contrevenants ou bien si c'est parce que les policiers ont fait plus d'opérations particulières », explique Gino Desrosiers, relationniste médias pour la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ). Au Service de police de la Ville de Montréal, les statistiques annuelles sur les constats d'infraction ne sont pas ventilées en fonction des différents articles du Code de la sécurité routière, note Mélanie Lajoie, chargée de communications. En 2015, le SPVM a remis près de 400 000 constats d'infraction aux automobilistes et plus de 20 000 constats d'infraction aux piétons.

DES RÈGLES FLOUES

Pour Félix Gravel, co-porte-parole de Piétons Québec, le nombre de constats remis aux automobilistes pour le non-respect de l'article 349 dans la province serait beaucoup plus élevé si le Code de la sécurité routière était moins flou concernant la protection des piétons. « N'importe quel citoyen du Québec en a fait l'expérience, le nombre d'infractions est bien plus élevé que 568 par année, dit-il. Laisser passer les piétons, c'est encore trop souvent vu comme quelque chose de facultatif. Je ne dis pas que les piétons ne sont jamais dans le tort, mais tout le monde y gagnerait si les règles étaient plus claires. Il y a beaucoup d'angles morts dans le Code de la sécurité routière, et curieusement, ces angles morts concernent souvent l'usager le plus vulnérable. »

ENFANTS SURREPRÉSENTÉS

Parmi les piétons victimes d'accidents avec dommages corporels, les enfants âgés de 0 à 4 ans et les personnes de 65 ans et plus sont surreprésentés, remarque la SAAQ. C'est le plus souvent au moment où un automobiliste arrive à une intersection et fait un virage à gauche ou, dans une moindre mesure, un virage à droite que ces collisions surviennent, note l'organisme. En novembre, l'Association canadienne des médecins pour l'environnement (ACME) a publié un rapport qui critiquait l'inaction de la Ville de Montréal à ce sujet. « Les aménagements routiers aux intersections montréalaises, incluant le marquage de passages pour piétons, semblent insuffisants pour protéger les piétons, en particulier aux intersections constituées d'artères et de rues collectrices », concluaient les chercheurs.

MOINS D'ACCIDENTS

La plupart des accidents impliquant des piétons surviennent aux intersections (55 %), alors qu'une minorité surviennent près des intersections (14 %) et entre des intersections (13 %). Dans ses plus récentes données, la SAAQ montre que le nombre de piétons victimes d'un accident avec dommages corporels est généralement en baisse au Québec, tout comme le nombre de personnes blessées dans des accidents routiers en général. « Le nombre de piétons victimes d'un accident avec dommages corporels a subi une baisse de 22 % depuis 2000, passant de 3596 à 2805 en 2015 », note la SAAQ dans son bilan intitulé Profil détaillé des faits et des statistiques touchant les piétons (décembre 2016).

PASSAGES PIÉTONS

Les passages piétons qui ne sont pas situés à une intersection et où les automobilistes doivent s'arrêter si un piéton s'y engage sont généralement peu respectés par les conducteurs québécois. Les statistiques de la SAAQ n'en soufflent pas mot, car aucun point d'inaptitude n'est lié à l'infraction, note M. Gravel. « Encore une fois, on a un problème sérieux de sécurité depuis des années. L'absence de points d'inaptitude envoie comme message que, dans le fond, ce n'est pas vraiment grave si les automobilistes ignorent les passages piétons. La France et la Belgique se sont attaquées au problème il y a plusieurs années en rattachant des points d'inaptitude à ces infractions. »