L'économie, le système de santé et l'environnement trônent au sommet des enjeux qui préoccupent les Québécois, loin devant la sécurité et les catastrophes naturelles.

Les Québécois font peu confiance au gouvernement et rejettent en bloc l'exploitation de l'énergie nucléaire. Voici le portrait des peurs des Québécois dressé dans l'édition 2017 du baromètre de la perception des risques au Québec obtenu par La Presse et qui sera dévoilé aujourd'hui par le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

Les inquiétudes des Québécois demeurent sensiblement les mêmes que lors des précédentes études du CIRANO de 2011 et 2013, concluent les chercheuses Nathalie de Marcellis-Warin et Ingrid Peignier. Ainsi, plus de deux Québécois (44 %) sur cinq se disent préoccupés par les risques personnels liés au système de santé, catégorie qui englobe l'engorgement des urgences et les listes d'attente. Une proportion similaire s'inquiète des risques économiques et financiers, dont l'augmentation du coût de la vie et le chômage. Au troisième rang des principales préoccupations se trouvent les risques liés à l'environnement, lesquels préoccupent 29 % des Québécois. Le baromètre CIRANO compile les résultats d'enquêtes réalisées en octobre 2016 auprès de 1008 répondants.



Les craintes collectives des Québécois diffèrent légèrement de leurs inquiétudes individuelles, à l'exception de la santé, qui demeure la source de préoccupation numéro un. Différence notable : le quart des Québécois se dit collectivement interpellé par la gestion des projets publics et les infrastructures de transport, des enjeux marginaux sur le plan personnel. Ces craintes varient selon l'âge et le sexe de la personne. Ainsi, sur le plan collectif, le tiers des 18-34 ans est préoccupés par l'économie, contre 19 % des baby-boomers.

En 2013, 82 % des répondants jugeaient que la corruption étaient un risque « grand ou très grand » pour le Québec. Il s'agit donc d'une diminution conséquente. L'enjeu pour lequel le plus de Québécois jugent qu'il s'agit d'un risque grand ou très grand est celui de l'engorgement des urgences (77 %). La difficulté d'accéder aux services de santé complète ce podium. À l'autre bout du spectre, seuls 8 % des Québécois estiment que les tremblements de terre représentent un grand risque, même si les trois quarts de la population vivent dans des zones à risque moyen à élevé de tremblements de terre. Ce risque « semble être sous-estimé au Québec ». 

PEU CONFIANTS ENVERS LE GOUVERNEMENT

Le degré de confiance que les Québécois accordent au gouvernement pour protéger leurs intérêts et assurer leur bien-être demeure peu élevé. Sur 44 projets ou enjeux, les Québécois font au moins « moyennement confiance » au gouvernement pour seulement quatre d'entre eux, dont la vaccination. La population a ainsi « pas du tout ou plutôt pas confiance » dans la gestion du gouvernement pour mettre fin à la corruption (79 %) et pour désengorger les urgences (70 %). L'exploration des gaz de schiste (62 %) se trouve dans ce top 3 depuis cinq ans, même si ce dossier ne fait plus les manchettes. Pour la grande majorité des enjeux, moins d'un Québécois sur cinq dit faire « tout à fait ou plutôt confiance » au gouvernement, qu'il soit question d'immigration, de décrochage scolaire ou de fraude alimentaire.

ACCEPTABILITÉ SOCIALE

Les centrales nucléaires, les OGM dans les aliments et l'utilisation de produits chimiques par les industries sont les projets ou enjeux considérés comme les moins socialement acceptables par le Québec. Il s'agit du même trio de tête que lors de la précédente étude de 2013. La moitié des Québécois sont ainsi totalement opposés à l'exploitation d'une centrale nucléaire. Seuls 15 % appuient l'idée. Les Québécois sont toutefois ambivalents par rapport à l'exploration pétrolière, idée à laquelle une mince majorité s'opposent. À l'inverse, huit Québécois sur dix sont favorables à la vaccination. L'immigration, l'énergie éolienne, l'exploitation des mines et les projets en PPP obtiennent aussi les faveurs d'une majorité de personnes.