L'année 2016 aura connu sa part d'événements tragiques et d'interventions policières, ce que les médias classent sous la rubrique des «faits divers».

L'un des plus marquants aura été l'écrasement, le 29 mars, de l'avion transportant le commentateur politique et ex-ministre fédéral Jean Lapierre, qui se rendait aux funérailles de son père aux Îles-de-la-Madeleine. M. Lapierre, sa conjointe, deux de ses frères et une de ses soeurs perdent la vie dans la tragédie, de même que les deux membres d'équipage. Selon les premiers éléments d'enquête du Bureau de la sécurité des transports (BST), l'appareil volait à une altitude et à une vitesse trop élevées à l'approche de l'aéroport. Des politiciens de tous horizons viendront rendre hommage à Jean Lapierre qui, ayant siégé comme élu des deux côtés du débat souverainiste, était considéré comme l'un des chroniqueurs politiques les plus influents et les mieux renseignés de son époque.

Au mois de mai, le pays entier allait être accroché aux bulletins de nouvelles après le déclenchement d'un violent incendie de forêt, le 1er mai, dans le nord de l'Alberta qui allait finalement mener à l'évacuation de quelque 88 000 personnes dans la région de Fort McMurray. L'incendie, d'une rare violence, détruira 2400 bâtiments et plus de 650 camps de travail, principalement liés à l'exploitation des sables bitumineux, et ne sera jugé maîtrisé que le 5 juillet après avoir brûlé près de 600 000 hectares de forêt en Alberta et en Saskatchewan. Il s'agit de la catastrophe la plus coûteuse de l'histoire canadienne, avec des dommages évalués à près de 3,6 milliards de dollars. Miraculeusement, on ne recense aucun décès ou blessé attribuables au brasier, mais deux personnes perdent la vie dans une collision durant l'évacuation.

Le 9 août, le feu, encore une fois, allait attirer l'attention, mais à une échelle beaucoup plus petite, lorsqu'un camion-citerne explose sur l'autoroute métropolitaine à Montréal à la suite d'une collision. Les explosions multiples causent un immense panache de fumée noire. Le conducteur du camion, Gilbert Prince, 52 ans, coincé dans son véhicule, perd la vie malgré les efforts héroïques d'un confrère pour le sauver. Ce confrère et cinq autres personnes subiront des blessures.

Le 29 août, le Québec apprend qu'un homme d'affaires bien connu de Trois-Rivières, Jonathan Bettez, est appréhendé pour une affaire de possession et de distribution de pornographie juvénile. Ce qui fait grand bruit, toutefois, est plutôt le fait que Jonathan Bettez, 36 ans, est considéré comme le principal suspect dans l'enlèvement et le meurtre de la petite Cédrika Provencher, 8 ans, en 2007. Ces soupçons, connus de plusieurs mais désormais publics, amènent une foule de citoyens à le conspuer au moment de sa comparution. L'entreprise familiale, Emballages Bettez, se voit forcée de retirer les enseignes arborant sa raison sociale et de banaliser ses camions.

En octobre, le 13, une nouvelle tragédie aérienne retient l'attention, en Colombie-Britannique cette fois, lorsque l'appareil transportant Jim Prentice, ex-premier ministre de l'Alberta et ex-ministre du gouvernement conservateur de Stephen Harper, s'écrase près d'Anahim Lake. Les trois autres personnes qui se trouvaient à bord de l'appareil perdent également la vie. Selon le BST, le site de l'accident démontrait «une force d'impact élevée attribuable à une descente verticale», mais l'appareil n'avait lancé aucun appel ni signal d'urgence.

La semaine suivante, une jeune femme déclenche une véritable tempête lors d'une vigile dénonçant la violence sexuelle à la suite d'une série d'agressions survenues à l'Université Laval, lorsqu'elle affirme devant la foule réunie avoir été agressée sexuellement par un élu de l'Assemblée nationale. Une véritable chasse au suspect est alors déclenchée jusqu'à ce que le nom du député libéral de Laurier-Dorion, Gerry Sklavounos, fasse surface. Celui-ci sera expulsé du caucus et l'accusatrice, Alice Paquet, sera propulsée à l'avant-scène médiatique, ce qui mettra en lumière certaines contradictions dans son histoire. Les policiers de Québec, eux, ouvriront une enquête qui sera complétée à la mi-décembre. La suite est désormais entre les mains du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

Le mois d'octobre se termine, le 31, par un coup de tonnerre dans les médias: on apprend que le chroniqueur Patrick Lagacé, de La Presse et du 98,5 FM, a fait l'objet de 24 mandats de surveillance par lesquels le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a eu accès aux métadonnées de son téléphone cellulaire et obtenu la possibilité de connaître sa position par le biais du GPS. Les informations déboulent dans les jours suivants et on apprend finalement qu'une dizaine de journalistes ont fait l'objet de surveillance du SPVM ou de la Sûreté du Québec (SQ). L'affaire prend une telle ampleur que le gouvernement du Québec se voit obligé de décréter de nouvelles directives pour encadrer la délivrance de mandats et déclenche une commission d'enquête publique sur les pratiques policières, la délivrance de mandats et les interventions politiques auprès des corps policiers.

L'enquête indépendante sur les allégations d'abus contre des femmes autochtones par des policiers de la SQ à Val-d'Or, mises au jour par un reportage de l'émission «Enquête» diffusé à l'automne 2015, connaît son dénouement le 18 novembre: le DPCP annonce qu'il n'y aura aucune accusation contre les policiers visés. Des accusations sont toutefois déposées contre deux policiers en lien avec des événements survenus à Schefferville dans les années 1990.

Par contre, le DPCP précise que cela ne signifie pas que les allégations n'étaient pas fondées, mais plutôt qu'il n'a pas une preuve suffisante pour espérer obtenir un verdict de culpabilité hors de tout doute raisonnable, ajoutant qu'une dizaine de cas s'apparentent par ailleurs à des fautes civiles ou déontologiques. Deux jours plus tôt, l'observatrice indépendante Fannie Lafontaine faisait état dans son propre rapport de «pratiques policières discriminatoires» et précisait, à l'instar du DPCP, que «ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'accusation que ce que les femmes ont dit n'est pas vrai».

Quelques autres événements marquants en bref:

- 22 janvier: un adolescent de 17 ans tue quatre personnes et en blesse sept dans le village autochtone de La Loche, en Saskatchewan.

- 27 mai: Rocco Sollecito, un proche collaborateur du défunt parrain de la mafia montréalaise Vito Rizzuto, est assassiné à Laval.

- 13 juillet: l'Unité permanente anticorruption (UPAC) mène une dizaine de perquisitions à Terrebonne, notamment à l'hôtel de ville, ainsi qu'à la résidence du maire, Jean-Marc Robitaille. Celui-ci se placera en congé de maladie et démissionnera finalement de son poste le 8 novembre.

- 4 septembre: deux personnes, dont le chanteur Roberto «Bob» Bissonnette, meurent dans un accident d'hélicoptère survenu au Nouveau-Brunswick.