Pour éviter les longues files d'attente durant le temps des Fêtes, les autorités fédérales comptent déployer « toutes les ressources disponibles » à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal afin de s'assurer que les voyageurs pourront franchir rapidement la douane, « tout en maintenant la sécurité à la frontière ».

Depuis le cauchemar vécu par de nombreux voyageurs qui ont dû attendre jusqu'à deux heures avant de franchir la douane à l'aéroport de Montréal l'été dernier, le ministère de la Sécurité publique, qui est responsable de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), affirme avoir pris certaines mesures afin d'éviter qu'une telle situation ne se reproduise.

Si le Syndicat des douanes et de l'immigration dit craindre une répétition du chaos du mois d'août à l'aéroport durant le temps des Fêtes, le bureau du ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale affirme que les événements de l'été dernier étaient le résultat d'une « tempête parfaite » qui ne devrait pas se reproduire.

« Les longues files d'attente ayant fait les manchettes cet été s'expliquaient par une période exceptionnellement occupée, marquée par la convergence de plusieurs vols [arrivés plus tard ou plus tôt que prévu] pendant les heures de pointe », a indiqué Dan Brien, directeur des communications du ministre Goodale, dans un courriel envoyé à La Presse.

« En prévision de la période des Fêtes, l'Agence des services frontaliers du Canada affectera toutes les ressources disponibles pour s'assurer que les voyageurs seront traités rapidement, tout en maintenant la sécurité à la frontière. »

M. Brien a indiqué qu'un autre facteur ayant contribué aux longues files d'attente à l'été a été le déplacement des voyageurs qui devaient prendre une correspondance entre les vols internationaux et les vols intérieurs. De concert avec Aéroports de Montréal (ADM), les autorités fédérales comptent d'ailleurs apporter sous peu des changements afin de permettre aux passagers de certains vols internationaux arrivant à Montréal de prendre leur vol de correspondance vers une autre destination canadienne sans avoir à récupérer leurs bagages. En lieu et place, les bagages seraient automatiquement transférés sans compromettre la sécurité.

En outre, le ministère de la Sécurité publique examine la possibilité de reconfigurer l'espace réservé aux agents douaniers afin de le rendre plus fonctionnel et accessible. Au passage, on invite les voyageurs à utiliser davantage les 42 bornes de contrôle frontalier automatisé afin de réduire les files d'attente à l'arrivée au Canada.

« La planification d'améliorations aux aéroports fait l'objet de discussions, ce qui comprend un examen conjoint exhaustif de la filière des voyageurs dans son ensemble, ainsi que la collaboration avec Aéroports de Montréal pour reconfigurer l'espace de l'ASFC à l'aéroport. Des consultations se poursuivent à divers niveaux avec les autorités aéroportuaires de Montréal », a indiqué Dan Brien.

« L'ASFC et Aéroports de Montréal collaborent sur plusieurs fronts pour réduire les temps d'attente à la frontière. Plusieurs rencontres ont eu lieu entre les deux organismes, et d'autres sont prévues pour trouver de nouvelles solutions », a-t-il dit.

Le ministre des Transports Marc Garneau a réitéré que le temps d'attente à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau « est inacceptable ». « C'est pourquoi mon collègue de la Sécurité publique, Ralph Goodale, et moi nous penchons de manière très sérieuse sur cette question en examinant différentes options à court et à long terme afin de réduire le temps d'attente à la douane, mais aussi, afin d'améliorer l'expérience globale des voyageurs qui fréquentent nos aéroports », a-t-il dit.

LE SYNDICAT « EXCESSIVEMENT SCEPTIQUE »

Le président national du Syndicat des douanes et de l'immigration, Jean-Pierre Fortin, demeure « excessivement sceptique » devant les assurances du gouvernement Trudeau. Il a prédit que les voyageurs transitant par l'aéroport de Montréal vivraient le même cauchemar qu'à l'été dernier. En principe, le délai d'attente à la douane ne devrait pas dépasser 20 minutes, selon lui.

« C'est clair que les mêmes problèmes vont continuer parce qu'il n'y a eu aucune mesure qui a été mise de l'avant. Il n'y a pas eu d'embauche. Ils n'ont pas reconfiguré l'intérieur de l'aéroport pour rendre cela plus accessible. Les plages horaires des avions sont toujours les mêmes », a soutenu M. Fortin dans une entrevue à La Presse.

« Vous avez la recette parfaite pour qu'il y ait de la congestion durant le temps des Fêtes. »

« On demeure toujours vulnérable à l'affluence. C'est évident que la période des Fêtes est une autre période de pointe. Il risque de se passer ce qui s'est passé au mois d'août dernier », a-t-il ajouté.

Selon M. Fortin, il faudrait une soixantaine d'agents douaniers supplémentaires durant les heures de pointe pour éviter les longues files d'attente. Il a fait valoir que les ressources étaient aussi insuffisantes ailleurs en raison des compressions imposées par l'ancien gouvernement conservateur. « Présentement, les personnes qui partent par attrition ne sont pas toutes systématiquement remplacées. Donc, on continue à décroître au lieu d'augmenter », a-t-il dit.