Les grévistes de la Société du Vieux-Port de Montréal ont rejeté vendredi à majorité l'offre du médiateur. Les 300 employés, qui travaillent notamment au Centre des sciences, fermé depuis la fin mai, sont en grève depuis 100 jours.

« Nous sommes des employés fédéraux et Justin Trudeau a promis de renforcer la classe moyenne », dit Konrad Lamour, président de la section locale de l'Alliance de la fonction publique du Canada. « C'est nous, ça. L'employeur dit qu'on est une gang d'étudiants, mais ce n'est pas vrai. Il y a des gens qui ont une famille, des parents monoparentaux. »

Le médiateur a proposé  la semaine dernière que le salaire minimum passe de 10,67$ (10,75$ depuis le 1er mai à cause de la hausse du salaire minimum) à 12,38$ et qu'un comité paritaire étudie les emplois comparables pour rajuster l'échelle salariale. Mais les syndiqués veulent aussi des congés de maladie payés pour les occasionnels et les employés à temps partiel, point sur lequel le médiateur est resté muet. Le médiateur était au départ un conciliateur qui aidait aux négociations.

« Pour le moment, seuls le tiers des employés sont permanents à temps plein et ont des congés de maladie payés, dit M. Lamour. On veut quelque chose pour les autres. » Environ la moitié des employés sont des occasionnels qui font des remplacements et viennent en renfort pendant les vacances, l'hiver mais surtout l'été.

Pour ce qui est du salaire d'entrée, M. Mamour estime qu'il faudrait « idéalement un salaire décent ». « L'IRIS a dit qu'un salaire décent est de 15$ de l'heure, alors on voudrait au moins ça. » L'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques, un groupe de réflexion de gauche, propose depuis l'an dernier que le salaire minimum soit au Québec d'environ 15$ pour qu'il soit « viable » et permette d'éviter la pauvreté.

Pour sa part, Sophie Morin, la porte-parole de la Société du Vieux-Port, « déplore » le rejet de l'entente par les syndiqués. « On considère que l'offre du médiateur était plus que raisonnable dans le contexte économique actuel », dit Mme Morin.

Les employés non syndiqués du Vieux-Port assurent l'« essentiel des opérations », selon Mme Morin, et les 70 concessionnaires du Vieux-Port peuvent utiliser leurs propres employés. La Société a fait appel à des firmes externes de sécurité, dont les agents sont qualifiés de « briseurs de grève » par M. Lamour, qui place aussi dans cette catégorie des employés d'entretien embauchés depuis le début de la grève. La Société du Vieux-Port est de juridiction fédérale et donc dispensée des obligations du Code du travail québécois, qui interdit les briseurs de grève.

Les syndiqués ont-ils une dent contre les concessionnaires restés ouverts? « On comprend que tout le monde doit faire vivre sa famille et sa business, dit M. Lamour. Ceci dit, on fait campagne contre la fréquentation du Vieux-Port par les clients. »

Quelle est la prochaine étape? Les deux parties s'attendent à retourner négocier. Un arbitrage est-il envisageable? « Je ne veux pas spéculer », dit Mme Morin.