Les hommes policiers de la Sûreté du Québec (SQ) ont touché en moyenne un salaire supérieur de 19% à celui de leurs collègues féminines en 2015, une différence de près de 15 000 $. Même si la profession s'est féminisée au cours de la dernière décennie, très peu de femmes brisent le plafond de verre pour devenir officières, un poste mieux rémunéré.

Le revenu brut moyen d'un policier de la SQ en 2015 s'élevait à 91 325 $, contre 76 880 $ pour une femme, a dévoilé la Sûreté du Québec en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Ces sommes comprennent les diverses primes et les heures supplémentaires, payées à 150 % du taux horaire. Un patrouilleur au sommet de l'échelle salariale gagnait environ 71 000 $ en avril 2015, peu importe son sexe.

«Cet écart s'explique par le fait qu'il y a davantage d'hommes que de femmes au niveau des officiers de la Sûreté du Québec», soutient la sergente Mélanie Dumaresq, responsable d'équipe au Service des communications de la SQ. L'an dernier, on comptait 24 femmes parmi les 363 officiers du corps policier provincial, soit un maigre 6,6%. Même s'il stagne depuis quatre ans, le nombre d'officières a néanmoins triplé depuis 2007.

La SQ a d'ailleurs créé un comité pour accroître le nombre de femmes dans les postes de gestion, comme ceux d'officier (inspecteur-chef, inspecteur, capitaine et lieutenant) et de sous-officier (sergent, sergent détective-enquêteur).

«Des officières déjà en place font partie d'un comité pour s'assurer qu'il y ait une relève au niveau de la gestion policière dans les postes d'officières. Elles discutent des moyens pour qu'il y ait plus de femmes dans ces fonctions», explique Mélanie Dumaresq. Les officières du comité tentent notamment de «susciter l'intérêt» pour les postes de gestion auprès des policières et de rendre cette fonction «plus intéressante». Pour obtenir une telle promotion, les policières «doivent postuler [au concours] et avoir un intérêt pour [la fonction d'officier]», ajoute-t-elle.

L'Association des policières et policiers provinciaux du Québec n'avait pas de commentaires à formuler sur cette question.

Hausse marquée avant 2011

Depuis le début du millénaire, la proportion de policières au sein de la Sûreté du Québec n'a jamais cessé d'augmenter au gré des vagues d'embauches et des départs à la retraite, principalement masculins. En 2005, les 734 policières formaient seulement 14% des effectifs. Onze ans plus tard, elles représentaient 22,8% des agents de la SQ et comptaient 1256 représentantes, contre 4261 hommes. Or, ce bond notable de l'embauche de femmes a surtout été enregistré avant 2011. En comparaison, près du tiers des policiers (31,8%) étaient des femmes, l'an dernier, au Service de police de la Ville de Montréal.

Depuis cinq ans, la SQ n'a pas réussi une seule fois à recruter plus de 30% de jeunes policières par année, comme c'était toujours le cas depuis une décennie. Par exemple, l'an dernier, 22% des recrues étaient des femmes (23 sur 106), contre 34% en 2011. Jusqu'en 2006, la SQ avait d'ailleurs formellement comme objectif d'embaucher au minimum 30% de femmes chaque année. Cet objectif n'existe plus.

«La situation n'est plus la même qu'en 2005. Il y avait eu un objectif pour qu'il y ait une hausse [du nombre de policières]. Leur nombre a augmenté de plus de 50%. C'est pour ça qu'on ne retrouve plus cet objectif dans les autres Rapports annuels de gestion», explique la sergente Dumaresq. 

Celle-ci rappelle toutefois que les jeunes femmes demeurent moins nombreuses dans les programmes de formation policière. L'an dernier, il y en avait 189 inscrites au Programme de formation initiale en patrouille-gendarmerie à l'École nationale de police du Québec, obligatoire pour entrer dans la SQ.

Par ailleurs, à compétences égales, la SQ favorise l'embauche de femmes et de membres des «groupes cibles» (communautés culturelles, autochtones, anglophones et personnes handicapées), rappelle Mélanie Dumaresq. Les membres de ces groupes cibles formaient 3,7% des effectifs policiers en 2015. Parmi ceux-ci, on compte entre autres 64 policiers autochtones et 25 policiers avec un handicap.

- Avec William Leclerc, La Presse