Les ombres de Donald Trump et du Brexit ont plané sur la rencontre des «trois amigos» à Ottawa mercredi. Les trois leaders de l'Amérique du Nord ont dénoncé le discours de repli sur soi et de xénophobie chez certains politiciens, et promis de renforcer leur propre collaboration.

Le président du Mexique, Enrique Pena Nieto, a tracé un parallèle entre le candidat du Parti républicain aux États-Unis et Hitler ou Mussolini. Sans nommer directement Donald Trump, mais en réponse à une question sur l'homme d'affaires, M. Pena Nieto a déclaré qu'il ne faut pas opter pour l'isolement et répéter les erreurs du passé, comme l'époque destructrice des deux dictateurs. «On connaît le résultat», a-t-il dit.

Le président Obama s'est lancé dans une longue tirade sur le qualificatif «populiste», souvent accolé à M. Trump. Il s'est lui-même proclamé populiste, disant que le peuple est au centre de ses préoccupations. «On ne devient pas soudainement populiste parce qu'on dit quelque chose de controversé pour gagner des votes. Ce n'est pas du populisme. C'est du nativisme. Ou de la xénophobie. Ou pire», a cependant tranché M. Obama.

Il a ajouté que le discours entendu ces jours-ci est le même que celui que l'on a trop souvent entendu à l'égard de toutes les autres vagues d'immigration dans le passé aux États-Unis. 

Plus d'échanges et de collaboration 

Le premier ministre Trudeau a évité de lui-même s'en prendre au candidat républicain. Il a réitéré, comme l'a d'ailleurs fait le président mexicain, qu'il travaillera avec quiconque sera élu pour être le prochain occupant de la Maison-Blanche. 

Les trois leaders ont insisté sur l'importance du commerce international et de la collaboration, au moment où le Brexit voté par le Royaume-Uni agite l'Europe et les marchés financiers mondiaux, et que Donald Trump promet de renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) s'il est élu.

Le président Obama a assimilé cette volonté de repli à une réaction face à l'état de l'économie et aux impacts de la faible croissance sur la classe moyenne.

«Vous avez raison d'être préoccupés par les tendances. Mais ce que vous prescrivez [comme remède] ne fonctionnera pas», a-t-il tranché.

Les trois amigos ont réitéré leur engagement à l'égard de l'ALÉNA et même du Partenariat transpacifique, qui fait l'objet de consultations publiques au Canada avant la phase de ratification. 

Ils ont en outre annoncé une collaboration accrue dans plusieurs secteurs, dont l'environnement, alors qu'ils ont affirmé leur intention d'augmenter à 50% la part d'énergie produite par des sources propres et renouvelables. La part d'énergie renouvelable au Canada est de plus de 80%, alors qu'elle n'est qu'à 37% aux États-Unis et à moins de 20% au Mexique.

Le président américain s'est d'ailleurs montré ouvert à l'importation d'hydroélectricité du Canada et du Québec pour atteindre ces objectifs. «Il pourrait y avoir de l'énergie hydroélectrique merveilleuse que nous voulons acheminer vers les États-Unis», a déclaré M. Obama. Il a ajouté que la question sera de savoir s'il est possible de le faire à des prix compétitifs. 

L'exportation d'hydroélectricité au sud de la frontière s'est parfois avérée une question délicate dans le passé, tandis que des réserves ont été soulevées à l'égard des grands barrages et de leurs impacts sur l'environnement. 

Les trois dirigeants se sont engagés dans les documents du Sommet à «collaborer sur des projets de transmission transfrontalière, notamment pour la transmission d'énergie renouvelable. À l'heure actuelle, au moins six lignes de transmission sont proposées ou à l'étape de l'examen des permis, notamment la ligne de transmission du Grand Nord, la New England Clean Power Link et la Nogales Interconnection, qui ajouteraient environ 5000 mégawatts à la capacité de transmission transfrontalière». La New England Clean Power Link part de la frontière entre le Québec et le Vermont.