Un cargo abandonné depuis 2011 dans la région de Montréal menace de se renverser en raison de la baisse récente du niveau de l'eau dans le lac Saint-Louis. La Garde côtière canadienne est à pied d'oeuvre aujourd'hui pour tenter de limiter les dégâts environnementaux en cas de renversement du navire Kathryn Spirit.

La Garde côtière canadienne n'avait encore rien fait samedi midi pour stabiliser le navire qui penche dangereusement près de la berge. « Présentement, on évalue toutes les possibilités. On veut faire ce qui est le plus sécuritaire à tout point de vue autant pour le personnel [...] que pour l'environnement. Pour le moment, c'est trop instable pour se rendre sur le bateau», explique Pascale Fortin, porte-parole de la Garde côtière canadienne.

Les autorités fédérales se préparaient samedi après-midi à déployer dans l'eau une structure en forme de gros boudin pour encercler le navire. «S'il y avait déversement d'hydrocarbures, on serait capable de tout ramasser facilement avec l'estacade», soutient Pascale Fortin. Des câbles en acier installés dans le passé retiennent toujours le bateau rouillé. Toutefois, un cylindre d'acier de 10 mètres de long planté dans le fond du lac Saint-Louis pour soutenir le bateau a été complètement arraché dans les derniers jours.

La Garde côtière canadienne s'assure depuis hier de tout mettre en oeuvre pour «veiller à la sécurité du navire» et pour protéger «l'environnement naturel vierge» des rives du lac Saint-Louis. Selon Pascale Fortin, le chavirement du Kathryn Spirit n'est «pas imminent» malgré son inquiétante position.

Selon le maire de Beauharnois, Claude Haineault, il y a un risque «très sérieux» que le bateau coule dans le fleuve et provoque une «catastrophe écologique». ««Nous on le dit depuis longtemps que c'est extrêmement dangereux pour l'environnement. Il faut qu'il parte ce bateau-là !», lance le maire en entrevue téléphonique avec La Presse.

Claude Haineault répète depuis des années sur toutes les tribunes que le Kathryn Spirit doit être démantelé par les autorités fédérales. «On réclame d'urgence qu'ils démolissent le bateau et qu'ils mettent une estacade en roche tout le tour pour qu'il soit isolé complètement du fleuve. Puis, qu'ils remettent ça en état après dans un délai de trois mois maximum.»

Le maire de Beauharnois croit que l'estacade temporaire qui devrait être déployée samedi par la Garde côtière canadienne ne suffira pas à éviter la propagation du pétrole en cas de fuite. «Ça ne réglera pas le problème, parce que c'est juste en surface. S'il se couche, toute la cochonnerie qu'il y a dedans depuis 20 ans va se répandre dans l'eau. Mais ça, on l'a crié sur tous les toits depuis deux ans ! Personne n'a rien fait. Et ils se réveillent tout d'un coup à la Saint-Jean-Baptiste», déplore-t-il.

Le sort du Kathryn Spirit cause des maux de tête aux trois paliers du gouvernement depuis que le Groupe St-Pierre a amarré le cargo au lac Saint-Louis en 2011 afin de le démanteler pour la ferraille. Lorsque son projet a été rejeté massivement par la population, le Groupe St-Pierre a vendu le navire à une entreprise mexicaine qui a finalement renoncé à ses droits de propriété il y a quelques mois.

«Le ministère [des Transports], en collaboration avec la Garde côtière canadienne, continue de surveiller la stabilité du navire et n'hésitera pas à prendre les mesures appropriées pour s'en assurer. De plus, des mesures de réduction des risques de pollution maritime ont été entreprises par la Garde côtière canadienne», a indiqué à La Presse Marc Roy, porte-parole du ministre fédéral des Transports Marc Garneau.

Le gouvernement fédéral a mis en place un comité d'étude en février afin de trouver une solution permanente pour le retrait du navire abandonné. Or, le rapport attendu au mois de juin n'a toujours pas été remis au ministre fédéral responsable. En février dernier, le maire de Montréal et président de la Communauté métropolitaine de Montréal Denis Coderre avait déclaré que le navire «ne chavirera[it] pas».