La Ville de Brossard a versé une indemnité de départ de plus de 100 000 $ au chef de cabinet du maire Paul Leduc, selon une entente confidentielle qui prévoit même les propos à être tenus par les deux parties si les médias posent des questions.

L'entente, obtenue par La Presse, a été signée le 18 mai dernier et constitue un règlement à l'amiable entre la Ville et Yves J. Lemire. Ce dernier agissait comme chef de cabinet du maire Leduc depuis 2011.

Selon l'entente, la Ville a remis la somme brute de 95 948,33 $ à M. Lemire, à laquelle s'ajoute un montant brut de 22 797,64 $ correspondant aux vacances accumulées et aux congés personnels. Avec cet argent en poche, M. Lemire a renoncé à exercer quelque recours que ce soit contre son ancien employeur.

Les parties ont convenu de la confidentialité de l'entente, du devoir de réserve de M. Lemire pour une durée de deux ans et de «limiter leurs propos lors des demandes d'entrevues ou de déclarations médiatiques». En annexe, les «messages clés » à utiliser sont présentés. On retrouve même des citations prévues pour M. Lemire et le maire Leduc, qui remercierait ainsi « sincèrement M. Lemire pour sa contribution à l'essor de Brossard».

M. Lemire a quitté ses fonctions le 6 mai dernier ; son contrat était valide jusqu'aux élections de novembre 2017. Son départ est survenu alors qu'il y a une vague (sept personnes) de démissions ou de congés de maladie chez des hauts fonctionnaires (contentieux, direction générale adjointe, génie, urbanisme, ressources humaines, communications) ainsi que le retrait de trois conseillers municipaux du caucus politique de M. Leduc.

Tensions

Selon deux sources bien au fait de ce qui se passe à l'hôtel de ville et qui ont demandé à ne pas être identifiées, les façons de faire du maire soulèvent des tensions. Le maire est qualifié de «très directif» par une de ces personnes. L'autre a rappelé que dans une municipalité, les élus ne peuvent s'adresser à des fonctionnaires que par l'intermédiaire du directeur général, mais que cette ligne hiérarchique n'était pas toujours respectée.

De plus, le gouvernement vient de dépêcher un vérificateur du ministère des Affaires municipales à Brossard afin de scruter l'«administration du système municipal». Jusqu'à maintenant, Paul Leduc a banalisé la situation, disant que son administration «semble être victime d'une campagne négative». Vendredi dernier, le maire a refusé d'accorder une entrevue à La Presse, qui a toutefois joint Yves Lemire.

«Je ne me sentais plus à l'aise dans mon emploi et je me devais de [le] quitter», dit M. Lemire. 

«Je ne sentais plus cette complicité qui doit exister entre l'élu et son personnel politique. La complicité repose sur la confiance, le respect et la communication», a indiqué M. Lemire.

Ce dernier a refusé de dire si son geste est une critique à l'égard du maire et de son administration. Une clause de l'entente indique clairement que les parties s'engagent à ne pas nuire à «leur réputation respective, et ce, même dans le cas où les propos ainsi prononcés seraient par ailleurs vrais».