Excédé par « l'hostilité » du gouvernement Couillard, las d'être traité comme un « bouc émissaire » par le premier ministre et son ministre de l'Environnement, le président de Pétrolia a démissionné vendredi de son rôle de porte-parole de la coentreprise Hydrocarbures Anticosti.

Alexandre Gagnon restera en poste à titre de président de Pétrolia. Son entreprise demeure partenaire du gouvernement du Québec, de Corridor Ressources et de Maurel et Prom dans la coentreprise.

Mais désormais, il s'exprimera strictement au nom de sa société, et non plus au nom de l'ensemble des partenaires du consortium.

M. Gagnon ne cache pas que les multiples embûches placées sur le chemin de la coentreprise par le gouvernement Couillard l'ont convaincu de quitter ses fonctions.

« J'ai l'impression qu'il va finir par manquer de lapins ou de patentes à gosse pour essayer de retarder ou de repousser ou d'annuler les choses, a dénoncé M. Gagnon. Et devant ce constat-là, d'agir comme porte-parole d'Hydrocarbures Anticosti, mais aussi comme porte-parole de Pétrolia, ça devenait insoutenable. »

Pétrolia n'envisage pas pour le moment de poursuivre le gouvernement. M. Gagnon souhaite avant tout que Québec honore l'engagement qu'il a pris, en février 2014, d'explorer le sous-sol de l'île d'Anticosti.

Le premier ministre Philippe Couillard a surpris tout le monde à la conférence de Paris sur les changements climatiques en se déclarant opposé à l'exploitation pétrolière sur Anticosti. Depuis, dit M. Gagnon, le gouvernement « cherche de façon systématique à miner et à neutraliser » les efforts de promotion du projet d'exploration pétrolière.

Pétrolia a perdu environ la moitié de sa valeur boursière depuis le changement de cap du premier ministre, a noté M. Gagnon.

La sortie du PDG de Pétrolia ne change rien à la manière dont Québec va étudier la demande de certificat d'autorisation de la coentreprise, a indiqué le ministre de l'Environnement, David Heurtel. Ses fonctionnaires analysent toujours la demande de forer trois puits par fracturation hydraulique sur l'île.

« Du côté du ministère de l'Environnement, on va continuer à faire appliquer les lois et les règlements et faire un travail rigoureux pour analyser les demandes de certificat d'autorisation de Pétrolia », a dit M. Heurtel.

Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a assuré pour sa part que Québec respecte ses engagements contractuels avec l'entreprise.

« J'aimerais qu'on nous dise en quoi nous n'avons pas respecté le contrat jusqu'ici, a-t-il dit. Il a toujours été respecté, ça a toujours été clair : il n'y avait pas une obligation de notre part d'exploitation. »