L'un des candidats à la présidence de l'Ordre des ingénieurs, Zaki Ghavitian, a proposé lundi la tenue urgente d'une réunion du conseil d'administration pour exiger ce qu'il a lui-même rejeté, il y a moins de deux semaines, c'est-à-dire la démission de l'actuel président et la suspension du directeur général.

Dans une lettre envoyée à tous les administrateurs de l'Ordre des ingénieurs (OIQ), dont La Presse a obtenu une copie, M. Ghavitian invite ses collègues à sortir du déni compte tenu de la situation de crise actuelle. Il craint que l'Office des professions qui chapeaute tous les ordres professionnels dont l'OIQ, veuille prendre le contrôle.

«Nous ne pouvons nous laisser imposer une tutelle sans tenter au moins une fois de réagir. Il faut le faire avec audace, rapidité, détermination et courage», écrit-il.

Harcèlement

Après des années de turbulence à l'Ordre, le climat s'est détérioré un peu plus au cours des dernières semaines alors qu'une enquête a été instituée par le directeur général pour faire la lumière sur des allégations de harcèlement psychologique concernant l'actuel président Jean-François Proulx. Ce dernier, qui est aussi candidat à la présidence, s'est fait retirer sa carte d'accès aux bureaux de l'Ordre.

Le 5 mai dernier, le conseil d'administration a été appelé à se prononcer. M. Proulx a demandé la tête du directeur général et de la secrétaire de l'OIQ ce qui a été rejeté. À l'unanimité, les administrateurs (y compris Zaki Ghavitian) ont opté pour une médiation entre M. Proulx et la direction générale de l'OIQ.

Il a été impossible de connaître les motivations de la volte-face de M. Ghavitian. Selon les règles électorales en place, M. Ghavitian et ses adversaires qui briguent la présidence, ne peuvent pas communiquer avec les médias.

La proposition de M. Ghavitian de tenir une assemblée extraordinaire du conseil d'administration ne semble pas avoir créer d'enthousiasme chez les administrateurs contactés par La Presse, surtout que la médiation doit débuter cette semaine. Il est question de clarifier le rôle de l'administration et des élus.

En parallèle, la campagne électorale se poursuit et doit mener à l'élection (au suffrage universel) d'une personne à la présidence le 27 mai. Outre MM. Proulx et Ghavitian, quatre autres personnes sont en lice pour le poste : Kathy Baig, Daniel Lebel, François Patrick Granger et Guy-Michel Lanthier.

Le Syndicat professionnel des ingénieurs d'Hydro-Québec a lancé un mot d'ordre à ses 1822 membres pour qu'ils votent pour M. Ghavitian qui est retraité d'Hydro-Québec. Le président syndical, Nicolas Cloutier, a justifié son choix en soulignant que M. Ghavitian «cautionne nos préoccupations». Il était toutefois étonné d'apprendre que son candidat estimait que les investissements dans les enquêtes à la suite de la commission Charbonneau constituent du «gaspillage». Après un long silence, il s'est borné à dire qu'«on prêche pour notre paroisse».