Les responsables des services contre les incendies en Alberta s'attendent à mener un très, très long combat contre l'immense brasier qui a forcé l'évacuation de la ville de Fort McMurray et qui a ravagé quelque 1500 kilomètres carrés de la forêt boréale de la province.

Sans un « épisode » de précipitations « importantes » totalisant environ 10 centimètres de pluie, la lutte contre l'incendie dans le vaste secteur forestier pourrait prendre des mois, a déclaré le porte-parole Chad Morrison.

M. Morrison a précisé qu'une telle échéance n'était pas rare pour des incendies de cette ampleur.

Pour ce qui est de Fort McMurray, les autorités s'attendent à maîtriser la situation « dans le prochain mois ou dans deux mois », a affirmé M. Morrison.

On ne sait pas encore quand les 80 000 citoyens de la municipalité pourront réintégrer leurs résidences, mais le gouvernement albertain a déjà entamé la planification préliminaire de ce retour, bien que la priorité reste de s'occuper de l'incendie.

La première ministre de la province, Rachel Notley, a indiqué que les autorités s'attendaient à ce que l'imposant incendie de forêt qui menace la ville double en superficie, samedi, et atteigne la frontière de la Saskatchewan, à l'est.

« L'incendie n'est aucunement maîtrisé », a-t-elle déclaré en conférence de presse.

Mme Notley a toutefois souligné que l'incendie brûlait en ce moment hors des communautés habitées. Les pompiers continuaient de protéger le centre-ville et les résidences de Fort McMurray, tenant les flammes à distance pour le deuxième jour consécutif, a précisé la première ministre.

Elle a ajouté que le réseau de distribution de gaz de la municipalité avait été fermé et que le réseau électrique avait été endommagé.

L'eau dans la ville n'est plus potable et des matières dangereuses devront être retirées avant que les résidants puissent rentrer chez eux.

« Le retour ne sera pas dans les prochains jours. Une fois que les dégâts immédiats causés par l'incendie seront terminés, il y aura un travail énorme à faire pour que la ville soit sécuritaire et habitable », a indiqué la première ministre.

Selon l'inspecteur de la Gendarmerie royale du Canada, Kevin Kuntezki, qui a parcouru les maisons à Fort McMurray, plusieurs d'entre elles ont été endommagées par l'eau et la fumée.

Scott Long, de l'Agence de gestion des urgences de l'Alberta, a souligné que les dégâts d'eau étaient l'une des conséquences de l'intervention des pompiers, puisqu'ils ont utilisé de grands gicleurs industriels pour projeter « de grandes quantités d'eau, de façon continue, afin de protéger les maisons des braises et des étincelles ».

De plus, il y a quelques jours, des bombardiers d'eau larguaient leurs réserves dans les quartiers plus à risque. « Des dégâts d'eau dans le sous-sol demeurent acceptables à ce point-ci », a soutenu M. Long.

Les employés non essentiels des installations pétrolières de Syncrude et Suncor ont quitté les lieux par mesure de précaution.

« Nous nous attendons à ce que l'incendie se dirige encore vers le bord de l'extrémité sud de l'établissement de Suncor (samedi) », a déclaré Chad Morrison, ajoutant que les services d'incendies hautement qualifiés de ces entreprises resteraient sur place.

« Ces sites sont très résilients aux incendies de forêt, surtout parce qu'ils n'abritent pas de végétation et d'arbres », a-t-il expliqué.

Plus tôt samedi, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, avait indiqué que des pompiers provenant d'autres provinces étaient dépêchés sur les lieux afin de prendre la relève de ceux qui luttent contre cette « bête de feu » depuis une semaine.

Lors d'une conférence de presse à Regina samedi matin, M. Goodale a affirmé que 80 pompiers de l'Ontario étaient déjà arrivés dans la province et que les autorités en attendaient 44 du Québec, ainsi que 22 du Nouveau-Brunswick. Les autres provinces fourniront également de l'équipement supplémentaire, dont des pompes à incendie et des tuyaux.

Un pilleur, cas isolé

La Gendarmerie royale du Canada a par ailleurs attrapé le premier et seul pilleur à Fort McMurray, vendredi. Les policiers ont arrêté un homme après avoir reçu un signalement pour une entrée par effraction. Un chien de l'escouade canine avait repéré l'homme.

« Le crime n'est pas répandu dans la communauté », a assuré l'inspecteur Kevin Kuntezki.

Les policiers ont trouvé d'autres personnes à Fort McMurray qui ne s'étaient pas conformées à l'avis obligatoire d'évacuation. Un vieillard avec son chien et une famille de cinq personnes qui se croyaient hors de danger ont quitté la ville avec les policiers. La plupart des gens qui n'avaient pas évacué leur résidence n'avaient pas les moyens de partir, selon M. Kuntezki.

Le gouvernement albertain a annoncé qu'il verserait 1250 $ par adulte et 500 $ par personne à charge aux évacués afin qu'ils puissent subvenir à leurs besoins immédiats.

La Croix-Rouge a rapporté vendredi que les dons pour les sinistrés de l'incendie de Fort McMurray avaient dépassé le seuil des 30 millions. Ottawa a promis d'égaler ces contributions.

Allégements fiscaux pour les sinistrés

L'Agence du revenu du Canada a mis en place des allégements fiscaux pour les sinistrés des feux de forêt dévastateurs de Fort McMurray, en Alberta.

Ainsi, l'Agence cesse dès maintenant tout recouvrement, et annule les intérêts et les pénalités pour tous les contribuables touchés qui ne peuvent produire leur déclaration ou payer les sommes dues.

L'Agence travaille par ailleurs avec Postes Canada pour s'assurer que les contribuables qui attendent un remboursement ou un paiement de prestations le reçoivent rapidement.

C'est la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, qui a annoncé ses mesures.

Le Québec pourrait aider davantage

Le Québec n'exclut pas d'apporter une aide supplémentaire pour tenter de circonscrire l'immense incendie de forêt qui dévaste depuis plusieurs jours la région de Fort McMurray, en Alberta.

La Société québécoise de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) est en contact quotidien avec les autorités albertaines et des autres provinces canadiennes pour évaluer la situation.

La porte-parole de la SOPFEU, Marie-Louise Harvey, souligne que le Québec, comme toutes les autres provinces, a une entente interservices pour les incendies de forêt au Canada.

Pour l'instant, quatre avions-citernes ont été dépêchés en Alberta par la SOPFEU, ainsi que 12 membres du personnel. Aucune autre demande n'a été faite par l'Alberta pour l'instant.

L'origine de l'incendie qui ravage Fort McMurray n'est pas encore déterminée, mais l'hypothèse qu'il soit de cause humaine n'est pas écartée.

Au Québec, pour le seul mois d'avril, 74 incendies ont été déclenchés par de simples feux de broussailles ou de détritus sur des terrains résidentiels. Dans certains cas, des bâtiments ont été détruits, malgré l'intervention de la SOPFEU ou des pompiers municipaux.