Un compromis se dessine sur le controversé projet d'une ville du Wisconsin de s'alimenter en eau potable dans les Grands Lacs. La municipalité de Waukesha déposera demain une proposition révisée dans laquelle elle pourrait réduire de 20% la quantité d'eau qu'elle puisera dans le lac Michigan.

Des représentants de huit États américains, de l'Ontario et du Québec se sont rencontrés à Chicago, la semaine dernière, pour discuter du projet de cette banlieue de Milwaukee. La source d'eau de la municipalité est contaminée au radium. Elle souhaite donc bâtir une canalisation jusqu'au lac Michigan pour approvisionner ses 70 000 habitants.

Même si la ville compte à peu près le même nombre d'habitants que Drummondville, le dossier suscite la controverse des deux côtés de la frontière. Le projet constitue le premier test d'une entente en vigueur depuis 2008 qui interdit de détourner l'eau du bassin versant des Grands Lacs.

Au cours de la rencontre de Chicago, les émissaires ont demandé à la ville de réduire la taille du territoire qui sera desservi par le projet. Le plan initial prévoyait que des municipalités voisines pourraient elles aussi utiliser l'eau du lac Michigan.

Selon le Journal Sentinel de Milwaukee, le nouveau plan visera strictement l'approvisionnement de Waukesha. La quantité d'eau qui sera pompée à partir du lac Michigan sera de 8,2 millions de gallons par jour au lieu de 10,1 millions.

Ce changement devrait permettre à la ville de se conformer à l'Entente sur les ressources en eaux durables du bassin des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, qui prévoit certaines exceptions pour la dérivation hors des bassins versants.

«C'est un développement positif qui va dans le sens du respect intégral de l'entente», a convenu Scott McKay, porte-parole de l'Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent.

Controverse au Québec

Le Québec fait partie avec l'Ontario et huit États américains du Conseil régional des ressources en eau des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent. Cet organisme n'a pas le pouvoir de bloquer le projet, mais son opinion pèsera très lourd dans la décision finale.

Le projet de Waukesha a provoqué une levée de boucliers jusqu'au Québec. Les maires de plusieurs villes de la province, notamment Montréal, Québec, Salaberry-de-Valleyfield et Sorel-Tracy, ont tour à tour pressé le gouvernement Couillard de profiter de s'y opposer.

Ils craignent qu'un feu vert du Conseil ne créé un précédent qui ouvrirait la porte à d'autres projets de dérivation de l'eau des grands lacs.  

Le ministre de l'Environnement, David Heurtel, s'est dit «très préoccupé» par l'initiative de Waukesha plus tôt cet hiver. Mais il n'a pas pris position sur le projet. Son cabinet a indiqué lundi que «les discussions ne sont pas terminées».

Les discussions entre les États et les provinces reprendront le 2 mai.

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EN CHIFFRES

207 millions$ US : Le coût de la construction de la canalisation entre Waukesha et le lac Michigan.

31 millions : Le nombre de litres d'eau que Waukesha compte puiser chaque dans le lac Michigan selon le Journal Sentinel de Milwaukee. Le projet initial était d'extraire 38,3 millions de litres quotidiennement. Toutes les eaux usées seront retournées dans le lac via la rivière Root.-30-