Les Madelinots se sont réunis une dernière fois vendredi pour épauler la famille Lapierre, qui a vu cinq de ses membres, dont le chroniqueur politique et ex-ministre Jean Lapierre, périr dans un tragique écrasement d'avion, la semaine dernière.

Plus de 700 personnes se sont ainsi entassées dans l'église Saint-François-Xavier, dans le village de Bassin, pour célébrer ce qui devait à l'origine être les funérailles du patriarche de la famille, Raymond, décédé des suites de la maladie de Parkinson à l'âge de 83 ans.

L'émotion était palpable dès l'arrivée du cortège funèbre, alors que plusieurs personnes avaient de la difficulté à contenir leurs larmes en apercevant les urnes de Jean Lapierre, sa conjointe, Nicole Beaulieu, sa soeur Martine et ses frères Marc et Louis, qui suivaient le cercueil de Raymond Lapierre.

Parmi les nombreux témoignages en l'honneur des disparus, celui de Marie-Anne, la fille de l'ex-ministre et chroniqueur, s'est avéré particulièrement poignant.

« Papa, tu disais que c'est en eaux troubles que l'on reconnaît les vrais marins, a-t-elle dit, des trémolos dans la voix. Tu as été et restera à jamais notre phare. Malgré les eaux troubles, nous te promettons de rester de vrais marins. »

Parmi les témoignages livrés par les membres de la famille immédiate, celui d'Alexandra, la fille de Louis Lapierre, en a fait pleurer plus d'un entre les murs de l'église.

« Papa, mon idole, je ne peux pas croire que tu sois parti aussi tôt, a raconté la jeune femme, la voix tremblante. Ça me fait tellement mal de parler de toi au passé. Papa, j'ai tellement été choyée d'avoir été déposée sur ta route. »

L'autre moment fort des funérailles est survenu lorsque Laure, la soeur de Jean Lapierre, a pris la parole pour remercier une fois de plus les personnes présentes, comme elle l'avait fait au début de la cérémonie.

Dans un geste qui a détendu l'atmosphère en plus d'en faire sourire quelques-uns, elle a enjoint la salle à entonner le refrain de la populaire chanson « You are my sunshine », après avoir expliqué pourquoi.

L'anecdote remonte au plus récent temps des Fêtes, à l'hôpital où était soigné son père Raymond, qui souffrait alors des symptômes de la maladie de Parkinson. Après s'être laissé convaincre par le personnel de l'établissement, celui-ci avait alors chanté cette chanson à quelques reprises, question d'égayer son séjour.

« Mon père disait toujours que la peine ne devait pas dépasser le plaisir », a dit Laure Lapierre, avant de raconter l'histoire aux gens dans l'église.

Les prêtres Réjean Coulombe et Claude Gosselin ont pour leur part dirigé la cérémonie avec sobriété, notamment en enjoignant les Madelinots à continuer d'épauler, si la situation l'exige, les membres de la famille Lapierre.

Ils ont également eu une pensée pour les pilotes Pascal Gosselin et Fabrice Labourel, qui sont au nombre des sept victimes de l'écrasement d'avion survenu la semaine dernière.

Pour la plupart encore émus après les funérailles, plusieurs citoyens ont préféré garder pour eux leurs impressions. Parmi celles qui se sont adressées aux journalistes, Johanne Leblanc a particulièrement retenu la fin de la cérémonie.

« La chanson que Laure a chantée pour son père, ça été un moment joyeux, a-t-elle confié. Malgré les circonstances, on en garde un souvenir mémorable. »

Pour sa part, la députée fédérale de la circonscription de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine, Diane Lebouthillier, a parlé d'une cérémonie touchante, mais d'un drame qui n'est « pas humain ».

« Je regardais Mme Lapierre et je pensais à toutes les mères, c'est épouvantable, a-t-elle dit. C'est épouvantable. »

En entrevue après les funérailles, le prêtre Gosselin a dit avoir été renversé par la sérénité de la famille Lapierre, rappelant qu'elle avait perdu six de ses membres en très peu de temps.

Celui-ci a une fois de plus rappelé que la tragédie laissera des traces et qu'elle continuera assurément de faire appel à la solidarité des Madelinots.

« Ça nous bouleverse, a dit le prêtre. Nous sommes frères et soeur, donc si on sent que c'est le temps d'aller partager une table avec Mme Lapierre, il faudra le faire. Il faudra s'écouter. »

Une autre cérémonie commémorative est prévue le samedi 16 avril en l'honneur de Jean Lapierre et de Nicole Beaulieu à l'église Saint-Viateur d'Outremont.

Les funérailles de l'un des pilotes de l'appareil, Pascal Gosselin, se tiendront samedi, à La Prairie, sur la Rive-Sud de Montréal.