«J'ai hâte d'arriver aux Îles pour prendre la main de celle qui tient la main de sa mère».

Denis Fréchette est le conjoint de Marie-Laure Lapierre, seule survivante de la fratrie Lapierre, tragiquement décédée dans un écrasement d'avion aux Îles-de-la-Madeleine mardi. Malheureuse coïncidence, les retrouvailles de M. Fréchette avec sa femme ont été retardées lorsque son avion qui se dirigeait vers les Îles a perdu l'usage de l'un de ses moteurs hier soir. Par prudence, l'appareil est resté cloué à l'aéroport de Bonaventure pour la nuit après un atterrissage d'urgence où tout s'est déroulé sans pépin.

Arrivée aux Îles dimanche dernier, Marie-Laure veille sur sa mère Lucie, qui en l'espace de quelques jours a perdu son mari, qui a été emporté à la suite d'un combat contre le Parkinson, ainsi que ses trois fils, sa fille et sa brue.

« Elle est en choc émotionnel, mais au moins, elle a sa fille à ses côtés pour lui prendre la main. Maintenant, j'ai hâte de prendre la sienne », a raconté Denis Fréchette, lors d'une entrevue téléphonique alors qu'il se trouvait toujours en Gaspésie. « C'est désastreux, ma conjointe devient fille unique. On est tous bouleversés et à l'envers... Ce qu'on a vécu ça ne se répare pas », dit-il.

Ce dernier tient à remercier les habitants des Îles-de-la-Madeleine ainsi que tous les gens qui ont pris la parole au cours des derniers jours pour rendre hommage à Jean Lapierre et à sa famille. « Aux Îles, les gens sont tricotés serrés, on a vraiment senti le soutien absolu des Madelinots ».

Dans les circonstances, M. Fréchette raconte qu'il est resté calme lorsque les pilotes de l'avion de l'entreprise régionale Pascan ont annoncé qu'ils avaient perdu l'un des moteurs. « J'étais en confiance, je sais que les pilotes sont super compétents et ils ont été très transparents », affirme celui qui a pris un vol similaire à plus de 30 reprises. Les passagers ont été accueillis à l'aéroport de Bonaventure, où ils devaient déjà faire escale, par les gyrophares des ambulances et des camions de pompiers. « J'ai pris le temps de remercier la capitaine du vol en lui disant que j'avais été personnellement touché par le drame. »

Son avion devrait repartir aujourd'hui. 

« Des plaies ouvertes »

Aux Îles-de-la-Madeleine, le maire Jonathan Lapierre affirme que c'est une « immense tragédie » qui touche la communauté. Pour l'instant, il n'y a pas d'événement de prévu pour rendre hommage à la famille, qui est encore en train d'encaisser le choc.

« Il y aura un hommage à la hauteur de Jean Lapierre, mais ça va se faire avec la bénédiction de la famille, on ne veut pas précipiter les choses », a-t-il déclaré. « La mère est complètement dévastée, je ne veux pas que ça vire en show de boucane. Il faut prendre le temps de bien faire les choses. J'ai parlé à la famille. C'est une immense tragédie, je crois qu'ils ont du mal à réaliser ce qui s'est passé. »

Triste ironie, le maire rappelle que le 29 mars est aussi la date à laquelle le navire Acadien II a chaviré dans les eaux froides du golfe du Saint-Laurent, alors qu'il était remorqué par la garde côtière, fauchant la vie à quatre Madelinots.

« On est une communauté marquée par ce genre de tragédie-là. Ça laisse des plaies ouvertes et c'est dans ces moments-là qu'il est important de se resserrer. »