Une preuve de l'influence de Jean Lapierre? Chaque jour, une question, toujours la même, revenait dans les bureaux du gouvernement Couillard : « De quoi Lapierre a parlé ce matin? ». Car c'est Jean Lapierre qui « donnait le ton » de la journée politique, a affirmé le premier ministre Philippe Couillard mercredi, au lendemain du décès du célèbre chroniqueur.

« C'est une figure importante de notre monde politique qui part. Je crois qu'elle sera très difficile sinon impossible à remplacer. Parce que Jean Lapierre avait son style à lui, sa façon d'être à lui, sa vie à lui, son passage politique à lui. Tout ça en faisait un personnage unique », a ajouté M. Couillard.

« Il y a beaucoup de commentateurs dans la scène politique. On les lit, on les écoute, on en obtient des résumés. Mais dans notre groupe à nous, et je pense que c'est le cas dans beaucoup d'autres groupes politiques également, la question qu'on posait le matin vers 10h-11h, c'est : "De quoi Lapierre a parlé le matin?" Parce qu'il donnait le ton. Non pas qu'on était toujours en accord avec chaque point de détail, mais il donnait le ton du sujet. Le sujet dominant de la journée en général était le plus souvent celui sur lequel il s'était prononcé. »

Loin de « recycler » les points de vue d'un collègue ou encore de « répéter les paroles d'un autre », Jean Lapierre « avait ses propres commentaires, ses propres façons de faire, ses propres idées. C'est ce que je recherche : le sérieux de l'information de base et l'originalité du propos. C'est ça qui peut m'amener à réfléchir sur des politiques ou des orientations et parfois les modifier », a dit M. Couillard.

Les commentaires de Jean Lapierre pouvaient être durs parfois, mais il n'y avait pas de « mesquinerie », selon le premier ministre. « Il ne mettait en doute la raison profonde pour laquelle les hommes et les femmes politiques font ce qu'ils font, qui est de contribuer au bien commun. »    

Philippe Couillard retient en particulier que le chroniqueur « faisait les choses différemment ». En campagne électorale, il avait son propre autobus « pour se mêler à la population et avoir une perception très près du terrain », a-t-il rappelé à titre d'exemple.

Sans l'avoir connu personnellement, le premier ministre a fréquenté M. Lapierre à l'occasion. Il le décrit comme « un homme jovial, un bon vivant ». « Je pense qu'aujourd'hui, il nous dirait à tous : "Allez, il faut travailler, il faut continuer." »