S'il séduit une large proportion de l'électorat républicain aux États-Unis, Donald Trump n'impressionne pas du tout les Québécois. En fait, le milliardaire fait plutôt l'unanimité contre lui, révèle un nouveau sondage CROP-La Presse.

Plus de trois Québécois sur quatre se disent inquiets à l'idée que Donald Trump puisse devenir président des États-Unis lors des élections du 8 novembre prochain.

Tout autant de Québécois, soit 76 %, estiment que l'élection de la vedette de téléréalité serait « une très mauvaise nouvelle » ou une « assez mauvaise nouvelle » pour les relations canado-américaines.

« C'est un jugement sans appel. Je ne me souviens pas d'un politicien étranger qui ait été vu de manière aussi négative au Québec. »

- Youri Rivest, vice-président de la maison de sondage CROP

Pour cette enquête, 1000 Québécois ont rempli des questionnaires en ligne entre le 17 et le 21 mars, soit dans les jours qui ont suivi la victoire de Donald Trump lors de la primaire de la Floride.

Selon Youri Rivest, la propagande pro-guerre et anti-immigrants explique en grande partie la peur qu'inspire aux Québécois Donald Trump. « En général, l'aspect militaire, très va-t-en-guerre nous rebute au Québec », ajoute M. Rivest.

Du coup, s'ils étaient appelés à sélectionner eux-mêmes le candidat républicain qui briguera la Maison-Blanche, seulement 9 % des Québécois choisiraient Donald Trump, 20 % lui préféreraient le sénateur du Texas Ted Cruz, chouchou du Tea Party, et 11 % voteraient pour le gouverneur de l'Ohio John Kasich, connu pour ses positions plus modérées. Fait notable : près de 60 % des personnes interrogées ne choisiraient aucun des trois candidats en lice.

« Ce qui ressort, c'est les différences de valeurs entre les Québécois et la droite américaine », dit Youri Rivest.

HILLARY CLINTON FAVORITE

Si Donald Trump fait consensus contre lui, l'ancienne première dame et secrétaire d'État américaine Hillary Clinton suscite la réaction inverse. En tout, 74 % des Québécois croient que son élection serait une bonne ou une très bonne nouvelle pour les relations avec nos voisins du Sud.

D'ailleurs, s'ils étaient appelés aux urnes lors de l'investiture démocrate, 59 % des répondants accorderaient leur voix à Mme Clinton, contre 21 % au sénateur « socialiste démocrate » Bernie Sanders. Une personne interrogée sur cinq ne voterait ni pour l'un ni pour l'autre.

« Les Québécois sont beaucoup plus près des démocrates. C'est une question de proximité idéologique. »

- Louis Collerette, coordonnateur de l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM

LE CANADA UNI

Un autre sondage rendu public hier par l'Association des études canadiennes (AEC) démontre que les Québécois ne sont pas les seuls à craindre Donald Trump. L'homme fait peur à 77 % des Canadiens d'un océan à l'autre, note Jack Jedwab, directeur de l'AEC. « Il a une approche intolérante et une arrogance qui va contre l'image que les Canadiens ont d'eux-mêmes », croit M. Jedwab.

« En général, les Canadiens voient de manière très positive les Américains. Nous croyons que ce sont nos meilleurs amis. Les Américains pensent la même chose de nous. Mais si Trump est élu, ça va affecter profondément notre perception des Américains. On voit déjà que de grands segments de la population américaine soutiennent Donald Trump et les Canadiens sont incapables de s'identifier à ça », conclut-il.

PHOTO JOHN LOCHER, ASSOCIATED PRESS

La candidate à l’investiture démocrate Hillary Clinton