L'enquête interne commandée par l'armée il y a plus d'un an sur la façon dont elle avait réagi aux allégations d'agression sexuelle soulevées par l'ex-caporale Stéphanie Raymond est maintenant terminée.

Le comité interne avait été créé il y a 14 mois, le 28 janvier 2015, par le chef d'état-major de l'époque, le général Tom Lawson, qui voulait alors démontrer que l'armée prenait très au sérieux tout le phénomène des agressions sexuelles.

L'année précédente, la juge à la retraite de la Cour suprême Marie Deschamps avait reçu le mandat de mener une enquête indépendante sur l'«inconduite sexuelle» dans l'armée. Elle a conclu au printemps 2015 que le phénomène était «endémique» au sein des Forces armées canadiennes, une institution imprégnée d'une «culture de sexualisation» qui n'encourage pas du tout les femmes à dénoncer les agresseurs.

Cette réticence à dénoncer le harcèlement ou les agressions sexuelles est exacerbée par le fait que la chaîne de commandement «ignore» ou «tolère» ce type de comportement, concluait l'ex-juge Deschamps.

L'enquête interne de l'armée devait justement se pencher sur sa gestion des plaintes formulées par l'ex-caporale chef Stéphanie Raymond, qui disait avoir été violée par l'adjudant André Gagnon. Mme Raymond soutenait aussi qu'on l'avait poussée à quitter l'armée lorsqu'elle a porté plainte.

L'adjudant Gagnon a finalement été acquitté en août 2014, en cour martiale générale à Québec.

Un porte-parole de l'armée a confirmé que le rapport interne était maintenant sur le bureau du lieutenant-général Marquis Haines, commandant de l'armée canadienne, et devra ensuite recevoir l'«imprimatur» du général Jonathan Vance, actuel chef d'état-major de la Défense nationale.

Pour l'avocate torontoise Emma Phillips, qui a participé aux travaux de l'ex-juge Deschamps, le général Vance ne doit surtout pas donner l'impression qu'il se traîne les pieds dans cette enquête interne, alors qu'il a démontré jusqu'ici sa détermination à lutter contre les agressions et inconduites sexuelles dans l'armée.