Les élus municipaux doivent toujours garder leur calme envers leurs citoyens, même lorsque ceux-ci les talonnent et les critiquent, vient de rappeler la Commission municipale du Québec (CMQ). Le chien de garde de la déontologie des élus vient de réprimander un conseiller municipal de Chandler, en Gaspésie, pour avoir été « irrespectueux et impoli » avec un citoyen mécontent en plein conseil municipal.

À l'été 2014, Gaétan Fullum en a assez des nombreux déchets qui jonchent la plage de Newport, devant chez lui, et des jeunes qui y allument des feux la nuit. Il demande également que la municipalité répare la passerelle menant au site. Il commence alors à talonner son conseiller municipal, Luc Legresley, mais celui-ci se montre peu réceptif.

Lors d'une séance du conseil municipal, le 11 août 2014, l'élu dénonce publiquement le comportement de Gaétan Fullum, qui n'est alors pas présent à la rencontre. Luc Legresley affirme que le citoyen « l'a insulté, harcelé, veut lui arracher la chemise sur le dos et aurait affirmé à une soirée qu'il allait le poursuivre et lui nuire ». Celui-ci avance aussi que le citoyen « aurait dénigré un membre de sa famille souffrant d'un handicap ».

« Sur un ton agressif, il conseille fortement [au citoyen] d'arrêter de le harceler, sinon, il prendra des actions », note la CMQ qui a écouté un enregistrement de la séance du conseil.

Gaétan Fullum dit avoir été « dévasté » de se faire ainsi traiter, lui qui fait du bénévolat pour la municipalité depuis 50 ans. Il a alors décidé de porter plainte contre l'élu, à la suggestion de la mairesse de Chandler.

Devant la CMQ, Luc Legresley, qui a reconnu que « ses propos étaient injustifiés », s'est défendu en disant qu'il s'agissait d'une vengeance de la mairesse, contre qui il a lui-même porté plainte. Cette cause est toujours devant ce tribunal administratif.

Dans sa décision, la CMQ rappelle que les élus jouissent de la liberté d'expression, mais que celle-ci doit « s'exercer en tenant compte des obligations déontologiques ». Or, « l'élu n'a pas fait preuve d'une conduite exemplaire » et a « de surcroît eu un comportement irrespectueux et impoli », dérogeant ainsi à son code déontologique.

L'élu a reçu une réprimande, ce qui correspond à un « blâme sévère », indique la CMQ. Il ne sera pas suspendu.

Joint par La Presse, Gaétan Fullum s'est montré satisfait de voir l'élu réprimandé, mais attend de voir en quoi consiste réellement cette réprimande avant de se réjouir. Il espère que son conseiller « ne s'en tirera pas avec une tape sur les doigts ».