Pour respecter la promesse des libéraux de Justin Trudeau d'accueillir 25 000 réfugiés syriens d'ici la fin de décembre 2015, le gouvernement fédéral a envisagé de louer 12 bateaux de croisière pouvant transporter chacun 2000 personnes. L'idée a finalement été mise au rancart devant les coûts d'une telle opération et les dangers liés à l'utilisation de tels bateaux en hiver dans le nord de l'océan Atlantique, a appris La Presse.

Le ministère des Transports a évalué cette option sous tous les angles alors que le premier ministre Justin Trudeau s'était montré ferme, dans les premiers jours après l'arrivée au pouvoir de son gouvernement le 4 novembre, quant à son intention de respecter sa promesse électorale. Même s'il apparaissait évident que le calendrier qu'il s'était fixé serait difficile à respecter, M. Trudeau avait affirmé à quelques reprises, malgré l'appel de certains premiers ministres et de l'opposition officielle, à revoir à la baisse ses ambitions, qu'il comptait bien tout mettre en oeuvre pour respecter son engagement.

Selon des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, le ministère des Transports a estimé qu'il aurait fallu noliser une douzaine de bateaux de croisière à un coût de 10 millions de dollars chacun pour être en mesure d'accueillir 25 000 réfugiés dans un délai aussi serré et qu'il aurait fallu environ deux semaines pour transporter les réfugiés syriens du port de Beyrouth, au Liban, jusqu'au port d'Halifax.

Logement temporaire

Les bateaux de croisière auraient pu servir de logement temporaire aux réfugiés syriens pendant une période de quatre semaines, au besoin, une fois qu'ils auraient atteint les côtes canadiennes, selon le scénario sur lequel se sont penchés les mandarins du ministère des Transports.

« Le voyage jusqu'au Canada prendrait approximativement deux semaines et comprendrait un passage dans le nord de l'Atlantique dans des conditions hivernales. », peut-on lire dans un extrait de l'analyse datée du 10 novembre.

On prenait bien soin de souligner que le Canada serait « responsable de la sécurité et du bien-être » des réfugiés durant tout le voyage et devrait donc prendre les moyens nécessaires pour assurer leur sécurité de même que celle des employés du gouvernement canadien qui devraient forcément les accompagner.

À cette facture salée - environ 120 millions  - , il aurait aussi fallu ajouter le transport des réfugiés jusqu'au port de Beyrouth.

Report de l'échéance

Après plusieurs jours de débat au cabinet et considérant l'ampleur de cette opération sur le plan logistique, le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, John McCallum, a finalement annoncé deux semaines plus tard, soit le 24 novembre, que le gouvernement Trudeau reportait de deux mois, donc à la fin de février 2016, la date butoir de l'accueil des 25 000 réfugiés syriens au Canada. Il se donnait comme objectif de recevoir 10 000 réfugiés en sol canadien avant la fin de décembre.

« Nous devons accueillir ces gens non seulement avec un sourire, mais avec un logement et avec les autres choses dont ils ont besoin. C'est un défi logistique extrêmement important [...] Donc, nous prendrons un peu plus de temps afin de le faire de façon correcte », avait notamment affirmé M. McCallum. Le transport des réfugiés a été fait par vols nolisés privés qui sont arrivés aux aéroports de Montréal et Toronto.

- Avec William Leclerc, La Presse