Près de 50% de la population a une opinion négative des prestataires de l'aide sociale et considèrent que l'inégalité sociale est une réalité inévitable de la vie. C'est ce que démontre une étude réalisée sur 1500 répondants, diffusée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec (CDPDJ).

« On est tanné de ces préjugés, mais ca ne nous étonne pas, lance Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans Pauvreté. Beaucoup de réformes gouvernementales ciblant l'aide sociale ont été basées sur ces préjugés, c'est normal qu'à la longue, ça s'étende dans la population. »

Pour la coordinatrice du Front Commun des Personnes Assistées Sociales, Geneviève Guernier, « cette opinion ne changera pas s'il n'y a pas de volonté politique, mais ce n'est pas ce qu'on a vu ces dernières années ».

L'hostilité vient avec la distance

L'étude démontre que les perceptions négatives diminuent lorsqu'on se rapproche des victimes. L'image est effectivement moins négative (45%) chez ceux qui côtoient souvent des prestataires de l'aide sociale, que chez ceux qui n'en côtoient jamais (57%). Cette même opinion se retrouve lorsqu'on compare des personnes à faible scolarité (63%) à celles ayant fait des études universitaires (41%).

« Plus on fréquente des personnes vivant de l'aide sociale, plus on se rend compte que les préjugés ne sont pas la réalité », explique Serge Petitclerc.

Un serpent qui se mord la queue

Pour plusieurs intervenants, cette perception est alimentée par le discours de certains politiciens ou chroniqueurs. « Les ministres devraient défendre les plus démunis mais on dirait qu'ils font davantage la lutte aux pauvres qu'à la pauvreté, dit Geneviève Guernier. Ils se servent de cette image négative pour justifier leurs coupes »

« Bien que le nombre d'assistés sociaux a baissé de moitié depuis 1995, certains prestataires ne pourront jamais quitter l'aide sociale, pour des raisons physiques ou psychologiques, poursuit Serge Petitclerc. Avec les coupes, comme on l'a récemment vu au centre Mélaric d'Argenteuil, on risque de perdre des personnes pour de bon. » 

Plus de tolérance... sauf pour les accommodements raisonnables

Les Québécois semblent par contre bien plus tolérants envers d'autres éléments de la société. « Globalement, le droit à l'égalité est un principe accepté et bien intégré dans la population québécoise » a déclaré Jacques Frémont, président de la CDPDJ.

Plus de la moitié des personnes sondées se montrent favorables ou ont un regard positif à l'égard de regroupements de la population comme les immigrants (72%), les autres religions (68%) ou les personnes handicapées (91,6%). L'idée que les inégalités entre hommes et femmes ne sont jamais justifiées récolte aussi l'appui de 81,2% des sondés.

Le sondage révèle toutefois une réticence face aux accommodements à motifs religieux, principalement lorsqu'on parle d'exigences alimentaires (43% d'approbation) ou d'implantation de lieux de prières (38% d'approbation).