Le gouvernement de Philippe Couillard mène «une offensive» contre les femmes, selon la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), qui estime que son offre dans le cadre des négociations du secteur public constitue un recul important en matière d'équité salariale. Elle veut plutôt une reprise des pourparlers.

Insatisfaite de l'offre gouvernementale, la FSSS-CSN a recommandé à ses membres de rejeter l'entente de principe intervenue fin décembre entre le front commun intersyndical et le gouvernement québécois.

La FSSS estime que Québec veut imposer dans cette entente un recul inacceptable au niveau de l'équité salariale.

Elle précise que Québec requiert comme condition préalable à l'entente que les travailleuses se désistent de plaintes faites en vertu de la Loi sur l'équité salariale - pour des types d'emplois dont le salaire était jugé inadéquat par rapport à d'autres emplois surtout occupés par des hommes - et reconnaissent qu'il n'y a pas eu de discrimination sur certaines périodes.

Cette loi québécoise a été adoptée pour corriger les écarts salariaux dus à la discrimination systémique fondée sur le sexe à l'égard des personnes qui occupent des emplois dans des catégories d'emplois à prédominance féminine.

«Il y a les négociations, qui est une chose, et la loi sur l'équité salariale qui en est une autre, a déclaré en entrevue Josée Marcotte, vice-présidente de la Fédération. Il s'agit d'un droit fondamental qui ne doit pas être marchandé.»

Elle déplore que le gouvernement profite de la négociation pour demander aux travailleuses d'y renoncer.

Des batailles ont été menées pour obtenir cette loi, rappelle-t-elle.

La Fédération juge aussi «nettement insuffisantes» les augmentations salariales offertes par Québec pour les travailleurs du réseau de la santé.

L'entente prévoit des augmentations salariales équivalentes à 10,5 pour cent sur cinq ans, mais la Fédération calcule qu'il s'agit plutôt d'un 5,25 pour cent d'augmentation «garanti» sur cinq ans.

La Fédération, qui compte 80 pour cent de femmes, juge que celles-ci sont ainsi doublement discriminées par l'offre du gouvernement.

«Parce que leurs conditions salariales accusent déjà un retard important et parce qu'il leur est demandé de renoncer à l'application de la loi sur l'équité salariale», a dit Mme Marcotte.

Selon la FSSS, le gouvernement peut aller de l'avant et finaliser son entente avec les autres membres du front commun. Mais de son côté, elle souhaite continuer à négocier, a indiqué Mme Marcotte.

Mais dans une entrevue accordée au quotidien Le Soleil et publiée mercredi, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a prévenu la Fédération que son gouvernement ne négociera pas d'autre entente que celle déjà conclue avec le front commun intersyndical à la mi-décembre.

Malgré cet avertissement, la Fédération dit «voir d'autres pistes où le gouvernement pourrait trouver un terrain d'entente».

Ses membres voteront lors d'assemblées au cours des prochaines semaines sur l'entente négociée par le front commun. S'ils la rejettent, un plan d'action sera mis en place pour poursuivre la mobilisation des membres et décider de potentiels moyens de pression.

La FSSS représente quelque 110 000 syndiqués, dans tous les types d'établissements de santé et de services sociaux et dans différents titres d'emploi.

Le front commun intersyndical représente 400 000 des quelque 550 000 employés de l'État. Il regroupe la CSN et la FTQ, en plus du Secrétariat intersyndical des services publics, lui-même constitué de la CSQ, du Syndicat de la fonction publique du Québec et de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux.