Un Canadien enlevé en Afghanistan il y a cinq ans par les talibans, qui l'accusaient d'espionnage, a été libéré, a annoncé lundi le ministre canadien des Affaires étrangères, Stéphane Dion, remerciant le Qatar pour «son aide».

Les circonstances et la date exacte de l'enlèvement de Colin Rutherford n'ont jamais été clairement précisées. Sa disparition dans la province de Ghazni, largement infiltrée par les insurgés islamistes dans le centre du pays, a seulement été révélée en février 2011.

À l'époque, le gouvernement canadien avait indiqué que Colin Rutherford, alors âgé de 26 ans, visitait l'Afghanistan en guerre comme simple touriste.

Dans une vidéo diffusée en mai 2011 par les talibans, le jeune homme natif de Toronto disait être venu étudier «l'histoire, les sites historiques, les ruines, les tombeaux» et niait tout lien avec son gouvernement.

Le Canada faisait alors partie de la coalition internationale combattant les talibans, avec près de 3000 soldats déployés dans le pays. Les derniers soldats canadiens ont quitté l'Afghanistan en 2014.

En juin 2015, un soldat des forces spéciales américaines avait révélé à un comité du Congrès américain que le jeune Canadien se trouvait au Pakistan, détenu avec un autre Canadien et une Américaine.

«Le Canada est très heureux que les efforts déployés pour obtenir la libération de Colin Rutherford aient été fructueux», s'est réjoui dans un communiqué le ministre Dion.

Il n'a pas été précisé où le Canadien se trouvait actuellement mais M. Dion a souligné que son gouvernement allait l'aider «à retourner chez lui en toute sécurité».

«Je remercie sincèrement le gouvernement du Qatar de son aide dans cette affaire», a ajouté le chef de la diplomatie canadienne, sans préciser la nature de l'aide apportée par l'émirat.

La libération de Colin Rutherford intervient le jour de la reprise des pourparlers à Islamabad entre Afghanistan, Pakistan, Chine et États-Unis visant à relancer le dialogue entre les talibans et les autorités de Kaboul.

À en croire le témoignage sous serment devant un comité du Congrès américain du lieutenant-colonel Jason Amerine, membre des forces spéciales, la libération du Canadien aurait pu intervenir bien plus tôt si l'administration américaine avait été mieux coordonnée.

Chargé en 2013 de retrouver le sergent Bowe Bergdahl capturé en 2009, le lieutenant-colonel Amerine avait découvert que «des otages civils au Pakistan, que personne ne cherchait à libérer, venaient de s'ajouter à (sa) mission».

Deux Canadiens et une Américaine «sont toujours otages au Pakistan ... et j'ai échoué à les libérer», avait-il expliqué en juin dernier.

«Les otages civils ont été oubliés pendant la négociation avec les talibans» qui a abouti à la libération du sergent Bergdhal, avait-t-il ajouté en attribuant «cet échec misérable» à une série de dysfonctionnements au sein de l'administration américaine.