La grande majorité des réfugiés syriens prendront le chemin du Grand Montréal parce que c'est là que se trouve la diaspora qui les accueillera, a indiqué jeudi le ministre de la Sécurité publique, Pierre Moreau.

Selon les projections rendues publiques par le gouvernement Couillard mercredi, 85% des Syriens qui arriveront au Québec d'ici la fin 2016 seront établis à Montréal, Laval ou Longueuil. Les 15% restants seront saupoudrés dans 10 autres municipalités.

Pourquoi une telle concentration dans la métropole ? Parce que la grande majorité des réfugiés seront parrainés par des Québécois - souvent d'origine syrienne - plutôt que pris en charge par l'État, indique M. Moreau.

« Ce que ça reflète, essentiellement, c'est la réalité de la dispersion de la diaspora telle qu'elle se trouve, et du fait que dans ces premières vagues, la majorité de ceux qui viendront aura un parrainage privé », a-t-il expliqué.

Le ministre ne craint « pas du tout » la ghettoïsation des nouveaux arrivants. À ses yeux, l'intégration des Syriens à la société québécoise « peut être aussi bien réussie en milieu urbain qu'en milieu rural ».

Le chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, juge « inégale » la répartition dévoilée par Québec. À ses yeux, l'établissement de réfugiés syriens à l'extérieur des centres urbains pourrait stimuler l'économie des régions.

« Il y a des ressources en région qui sont susceptibles d'accueillir ceux qui ont décidé de s'installer ici et qui vont participer à l'enrichissement collectif et à la croissance économique », a indiqué M. Péladeau jeudi.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, aurait aussi souhaité voir davantage de Syriens s'établir en région. Cette stratégie aurait permis de faciliter leur intégration et leur francisation.

Mais il dit comprendre que plusieurs réfugiés veuillent s'établir près de la communauté syrienne.

Le chef caquiste estime par ailleurs que les réserves formulées par le maire de Québec, Régis Labeaume, expliquent en partie pourquoi si peu de réfugiés s'établiront dans la Vieille Capitale. Et ce, même si le maire a fait son mea culpa.

« On a vu qu'il a tenu des propos où il y avait des réticences, a dit M. Legault. Donc je comprends qu'en conséquence de ces réticences, on en a peut-être un peu moins à Québec que ce que certains auraient souhaité. Mais en même temps, il ne faut pas forcer les choses plus que cela. »

Sur les 7300 réfugiés que Québec attend d'ici la fin 2016, 6195 s'établiront dans le Grand Montréal. Québec en accueillera 230, Gatineau 220 et Sherbrooke 210.

On s'attend à ce que le gouvernement Trudeau demande à Québec de recevoir environ 2000 réfugiés supplémentaires pour honorer sa promesse électorale. On ignore pour l'heure comment ces nouveaux arrivants seront répartis.