Dans la contre-proposition qu'il déposera aujourd'hui, le front commun syndical des employés de l'État réclamera des hausses salariales se situant entre 9,0 et 10,5 % en trois ans. Il demandait auparavant 13,5 % au cours de la même période. De son côté, le gouvernement envisage d'ajouter un montant forfaitaire à sa dernière offre salariale, a appris La Presse. L'écart entre les parties reste important malgré tout.

Selon une source sûre, le front commun déclinera sa contre-proposition de la façon suivante : 1 % par an à titre de rattrapage salarial, 0,5 % par an si le produit intérieur brut dépasse 1 % (ce qui sera le cas, selon les prévisions) et une hausse annuelle équivalant à l'indice des prix à la consommation (IPC) afin de protéger le pouvoir d'achat des employés de l'État (entre 1,5 et 2,0 % environ, selon les prévisions). On obtient donc un total se situant entre 3,0 et 3,5 % par an. Comme les syndicats restent sur leurs positions quant à la durée des prochaines conventions collectives, il s'agit de demandes s'élevant entre 9,0 et 10,5 % en trois ans. C'est toutefois sans compter les sommes qui seront nécessaires pour régler l'enjeu de la relativité salariale.

En revanche, la dernière offre du gouvernement se chiffre à 5,3 % en cinq ans, incluant la relativité salariale. Québec propose des augmentations pour l'ensemble des employés de 3 % au cours de cette période (0 %, 1 %, 1 %, 1 % et 0 %), ce qui représente 1,2 milliard par an à terme. Il ajoute 550 millions la cinquième année pour régler l'enjeu de la relativité salariale, une augmentation de 2,3 % de la rémunération globale de l'État selon le Trésor (les hausses seraient à géométrie variable).

Mais selon ce qu'a appris La Presse, Québec envisage d'ajouter un montant forfaitaire à son offre à ses quelque 500 000 employés. Ce montant n'est pas chiffré pour le moment, mais il pourrait être versé dans les premières années des prochaines conventions collectives. Au Trésor, on affirme qu'il s'agit d'une « bonne option » qui est actuellement à l'étude.

L'Ontario l'a d'ailleurs retenue dans le cadre de ses négociations avec ses 35 000 employés de la fonction publique, ajoute-t-on. Les fonctionnaires ontariens toucheront un montant forfaitaire représentant 1,4 % de leur salaire en 2016. L'année suivante, leurs salaires seront augmentés de 1,4 %, toujours selon l'entente intervenue entre les deux parties. Ces deux mesures sont financées par un gel de la progression dans les échelles salariales sur deux ans, un scénario qui n'est pas envisagé par Québec.

Coiteux demande «une ouverture»

Notons qu'un montant forfaitaire est versé en surplus du salaire de base. Ce dernier ne change pas. Des hausses salariales conventionnelles augmentent, quant à elles, la rémunération de base.

En clair, pour l'État, un montant forfaitaire a une incidence sur ses finances seulement pour l'année où il est versé. Ce n'est pas une dépense récurrente. Des hausses de salaires, elles, ont évidemment une incidence pour toutes les années suivantes puisque le salaire de base est revu à la hausse. Cette distinction est majeure, et c'est pourquoi le versement d'un montant forfaitaire représente un intérêt pour le gouvernement, a fait savoir le Trésor. Québec ne veut pas compromettre l'atteinte de l'équilibre budgétaire et son maintien pour les prochaines années.

Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a esquivé les questions, hier, sur la possibilité d'ajouter un montant forfaitaire à son offre salariale.

Au cours de son point de presse, il a prévenu que les syndicats devront « faire un gros bout de chemin par rapport à leurs demandes initiales [...] s'ils souhaitent une issue rapide négociée ». La contre-proposition doit être « très proche des paramètres » contenus dans son offre, selon lui. Il a ajouté que le front commun syndical doit « démontrer pour la première fois une ouverture sur les régimes de retraite ». 

Or, selon ce qu'a appris La Presse, le front commun ne proposera aujourd'hui aucun changement au sujet de la retraite. Québec veut, de son côté, faire passer graduellement l'âge de la retraite de 60 à 62 ans. Ce serait 61 ans à compter du 1er juillet 2017 et 62 ans à compter du 1er juillet 2019. Il veut augmenter la pénalité pour un départ à la retraite anticipé. Cette pénalité passerait de 4,0 à 7,2 % par année.

Photo Jacques Boissinot, La Presse Canadienne

Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a esquivé les questions, hier, sur la possibilité d’ajouter un montant forfaitaire à son offre salariale.

Offre du gouvernement

5,3 % en cinq ans*



*Cela inclut une hausse moyenne de 2,3 % la cinquième année pour régler l'enjeu de la relativité salariale

Contre-proposition syndicale

Entre 9,0 et 10,5 % en trois ans*

* Le pourcentage varie selon la hausse de l'IPC