Signe qu'il répond à un réel besoin depuis sa création il y a huit mois, le Centre de prévention contre la radicalisation menant à la violence a déjà accompagné 90 familles qui ont signalé leurs craintes par rapport au comportement de leur enfant.

D'abord sous la responsabilité du Service de police de la Ville de Montréal, le Centre fonctionne de façon autonome depuis l'été 2015. Douze intervenants ou chercheurs ont été embauchés pour déterminer la réponse à donner aux appels faits à la ligne INFO-RADICAL.

« C'est sûr que des fois, des parents nous appellent pour une conversion religieuse, et on a davantage fait un travail pour démystifier les religions. On est là pour leur dire que non, ce n'est pas forcément de la radicalisation », explique Meriem Rebbani-Gosselin, agente de liaison communautaire et intervenante psychosociale au Centre de prévention.

« Nous, ce qu'on cherche, ce sont les cas qui sont problématiques dans le sens que le discours devient violent. Ou quand les comportements changent à la suite d'une rencontre d'un nouveau groupe d'amis qui ont des tendances politiques, par exemple, et que tout à coup, le jeune commence à lâcher l'école ou à faire du vandalisme. », ajoute-t-elle.

Sur 368 appels reçus depuis mars, 5 ont été adressés à la police pour motif de sécurité.

« On ne veut pas donner l'impression que quand la famille appelle, elle appelle la police. Ce n'est pas du tout ça, c'est vraiment une minorité des cas », affirme Mme Rebbani-Gosselin. Elle souligne par ailleurs que les autorités ont souvent été alertées en concertation avec la famille.

Depuis les attentats à Paris, le téléphone ne dérougit pas au Centre. Le passage du maire Denis Coderre à l'émission Tout le monde en parle dimanche soir, où il a donné le numéro de téléphone en direct, a fait bondir le nombre d'appels.

« Avec les événements qui sont survenus à Paris et à Beyrouth, c'est sûr que là, les gens ont peur de ce qui pourrait se passer ici. Mais la majorité des appels qu'on avait avant ces événements-là, c'étaient des parents qui avaient peur que leurs enfants parte pour combattre à l'étranger ou parce qu'ils les voyaient s'embarquer dans des réseaux d'extrême droite », dit Meriem Rebbani-Gosselin.

Aucun tabou

Environ 70 % des appels proviennent de la grande région de Montréal. La stratégie du Centre est de retisser un filet social autour du jeune, de l'aider à trouver des projets et des activités qui le branchent.

« On tient ça serré, on fait un suivi. Ce n'est pas juste une question de trouver un jeune en processus de radicalisation et de lui donner le numéro d'un coach de basket », précise Meriem Rebbani-Gosselin.

« On accompagne les jeunes, on les voit régulièrement. Ce qu'on veut, c'est aider les jeunes à trouver des projets de vie qui sont prosocial et qui sont positifs pour eux et pour la communauté. »

Les intervenants, qui comptent des psychologues, des intervenants jeunesse, des travailleurs sociaux ou des agents de liaison communautaires, privilégient une approche sans jugement.

« Les conflits internationaux, les crises politiques : souvent, ce sont des questions dont on ne veut pas parler avec de jeunes gens, ce sont des sujets qu'on évite. Et donc, les gens qui sont prêts à en parler franchement les attirent. Et nous, ce qu'on veut leur dire, c'est qu'il n'y a pas de sujets tabous, ce sont des sujets qu'il faut aborder de façon non confrontante. Au contraire, il faut accepter les différentes visions. »

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