«À qui la rue ? À nous la rue !», scandaient les manifestants déambulant sur la rue Sherbrooke. Sous haute surveillance policière, plusieurs milliers d'étudiants et d'enseignants ont manifesté pendant deux heures dans une ambiance bon enfant, hier après-midi, dans «leurs rues» de Montréal pour dénoncer la rigueur budgétaire du gouvernement Couillard.

Les étudiants représentaient l'immense majorité des manifestants, alors que seules quelques dizaines de travailleurs et d'enseignants ont pris part à ce premier front commun générationnel de l'automne. Isabelle Filiatrault et Aura Oporanu, deux enseignantes, étaient toutefois du nombre. Elles déplorent la diminution des services aux élèves causée par les compressions en éducation «On ne donne pas l'égalité des chances aux élèves en ce moment», dénonce Isabelle Filiatrault. 

«On défend les services publics. Ce sont des acquis importants pour les jeunes. Tous les acteurs font front commun», explique Isabelle Pontbriand, enseignante au Collège Lionel-Groulx. «Quand les étudiants sortent en appui à leurs enseignants, il faut qu'on soit là. On ne peut pas démolir les services publics sans impact», lance Sylvain Marois, chargé de cours à l'Université Laval et vice-président de la Fédération nationale des enseignants et des enseignantes du Québec.

Pour la cégépienne Paloma Cuer, il est important de poursuivre la «bataille contre la hausse des droits de scolarité» et d'appuyer les professeurs et tous ceux touchés par les coupes dans les services publics. «On trouve que les coupes en éducation, ça n'a pas d'allure», s'insurge Samuel, un étudiant de l'Université Laval, venu de Québec pour cette manifestation. 

Frédéric Fortin, président de l'Association de philosophie de l'Université de Montréal, dénonce les «énormes dommages» provoqués par les compressions en éducation supérieure. Selon lui, cette manifestation n'annonce pas une mobilisation plus grande du mouvement étudiant et des syndicats de la fonction publique cet automne.

Le coup d'envoi de la manifestation organisé par l'Association pour une solidarité syndicale (ASSÉ) a été lancé vers 14h au parc de la Commune, dans le Vieux-Montréal. Au rythme des slogans du printemps érable, la foule a emprunté les boulevards Saint-Laurent et René-Lévesque avant de monter la rue Berri jusque dans le coeur du Plateau-Mont-Royal. 

Après une heure de marche, les centaines d'irréductibles ont traversé le Parc La Fontaine, puis ont bloqué la circulation sur la rue Sherbrooke. Des automobilistes coincés dans le trafic ont alors suscité la joie des manifestants en les klaxonnant par solidarité. Vers 16h, la foule s'est ensuite dissoute au parc Émilie-Gamelin après une première annonce de dispersion du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Une seule personne a été arrêtée en vertu d'un règlement municipal avant d'être libérée.