Un gynécologue du Centre hospitalier de St. Mary vient d'être accusé d'«inconduite de nature sexuelle» contre trois jeunes patientes par le syndic du Collège des médecins du Québec.

Le docteur Kamal Maraghi, âgé de 74 ans, a témoigné devant le conseil de discipline de son ordre professionnel, jeudi en matinée, afin de faire rejeter une partie de la plainte dont il fait l'objet.

Le Collège des médecins lui reproche des gestes répréhensibles commis envers au moins trois patientes, en 1995, 2006 et 2008. On évoque des attouchements et des commentaires déplacées ainsi que des caresses sur les fesses de jeunes femmes de 19, 20 et 29 ans.

Selon le syndic, il aurait fait «des mouvements de va-et-vient avec ses doigts à l'intérieur de [leur] vagin», en leur «demandant de faire des mouvements de bassin en même temps» dans deux cas sur trois. Toujours dans deux cas sur trois, le Dr Maraghi aurait tenu «des propos et/ou [posé] des questions inappropriés sur [leur] vie sexuelle».

Dans un cas, il aurait «touch[é] le clitoris» d'une patiente après lui avoir «caress[é] les fesses» sans lui permettre «de se couvrir avec un drap».

Son avocat tente de faire retirer les reproches liés à des faits remontant à 1995 et 2008, parce que ces dossiers - selon lui - ont déjà fait l'objet d'une enquête et ont été fermés par le syndic de l'ordre de l'époque.

Des faits nouveaux

Ces chefs d'accusation ont été «ressuscités d'entre les morts», a déploré Jean-François Lehoux, procureur du Dr Maraghi. «On a une cause ici qui est très particulière, qui sort de l'ordinaire», a-t-il aussi affirmé, faisant valoir que le syndic «déconsidère l'administration de la justice» en «gonfl[ant] le dossier».

Le Collège des médecins, au contraire, fait valoir que des «faits nouveaux» ont émergé dans les dossiers de 1995 et 2008, ce qui devrait permettre de les rouvrir. Jacques Prévost, l'avocat du syndic, a expliqué au conseil que l'ensemble du dossier avait pris une couleur différente en raison de l'accumulation des récits semblables d'inconduite sexuelle formulés par des patientes.

Les faits qui lui sont reprochés auraient eu lieu dans son cabinet, et non au Centre hospitalier de St. Mary. Kamal Maraghi continue de pratiquer dans l'établissement, mais a accepté de ne plus exercer la médecine en cabinet d'ici à ce que son dossier soit clos.

«Lorsqu'il est question d'un dossier disciplinaire en cours, nous ne pouvons pas commenter sur le cas puisqu'il n'y a pas eu de décisions à ce sujet», a indiqué par courriel Sandrine Charpentier, porte-parole de l'hôpital.

Le médecin n'a pas souhaité faire de commentaire en sortant de la salle d'audience.

Le conseil de discipline n'a pas immédiatement rendu de décision quant à la modification des accusations. Il a mis la cause en délibéré. Des dates d'audience sont prévues à l'automne prochain sur le fond de l'affaire.