«Ça m'a secouée.» Une dame âgée de Granby s'est fait soutirer 4000$ par des malfrats spécialisés dans l'arnaque «grands-parents», jeudi. Elle se confie.

«J'ai eu un téléphone le matin et un monsieur, qui s'est nommé, m'a dit que mon fils avait eu un accident et que sa voiture était brisée. Que la police était venue le chercher et qu'il avait passé la nuit en prison et que, pour le sortir de là, il demandait 4000$, raconte avec une grande lucidité Marguerite Larochelle-Dubé, au lendemain des événements. J'étais malheureuse, j'ai couru à la caisse (Desjardins) chercher l'argent et il m'a dit qu'il serait là dans une demi-heure.»

Aujourd'hui, la dame de 85 ans réalise que ce court laps de temps est réfléchi, afin qu'elle n'ait pas le temps ou le réflexe de contacter des membres de sa famille et faire des vérifications.

Jeudi et hier seulement, sept dossiers de tentatives de fraude ont été ouverts à Granby, avec le même modus operandi, de même que de deux dossiers de fraude. En plus de Mme Larochelle-Dubé, une autre dame a été arnaquée de 1000$. Le stratagème est bien ficelé et a fait ses preuves à de nombreuses reprises, et pas uniquement dans la région.

«Les arnaqueurs communiquent par téléphone avec leur victime, c'est toujours des personnes âgées, des grands-parents, explique Caroline Garand, porte-parole de la police de Granby. Ils prétendent être des amis ou des petits-enfants et ils mentionnent avoir des ennuis, soit parce qu'ils viennent d'avoir un accident, ils sont en prison et il a besoin d'argent ou est pris en voyage à l'étranger. Ils utilisent les sentiments. Habituellement, ils soutirent toujours quelques milliers de dollars, 4 ou 5000$, donc ce n'est pas des montants extravagants. C'est pour ça que souvent les victimes se font prendre.»

«Je pensais que c'était Louis»

L'arnaqueur va souvent commencer la conversation de sorte que sa victime dise le nom de la personne qu'il est censé représenter. Un petit-fils, un ami de la famille ou même un neveu. Dans le cas de Mme Larochelle-Dubé, le faux ami de son fils, Louis, l'a contacté pour lui dire qu'il a été arrêté en état d'ébriété après un accident.

L'arnaqueur a même poussé l'audace en passant le téléphone à un complice qui a interprété Louis. La différence au niveau de la voix était justifiée par le fait qu'il avait le nez enflé en raison de l'impact. «Je posais des questions et il me répondait. Je pensais que c'était Louis. Il savait qu'il avait à faire à une vieille et qu'elle embarquait dans le bateau», ajoute celle qui vit de l'anxiété depuis.

Le faux ami s'est rendu au domicile de sa victime récupérer l'argent, en coupures de 100$, puisqu'il ne voulait pas de chèque. Il n'a fait acte d'aucune violence et a été si présentable que Mme Larochelle-Dubé, en bonne hôtesse, l'a invité à venir s'assoir. Ce qu'il a refusé, pressé d'aller donner l'enveloppe au faux Louis.

Prévention

Lorsqu'un conducteur est détenu et qu'une caution est nécessaire, ce n'est pas un ami qui est mandaté pour trouver les sous, ajoute Mme Garand. C'est effectivement un policier qui va prendre contact avec un membre de la famille. Tout ça, c'était en toute bonne foi, de la part de la Granbyenne. «C'était pour Louis! Pour le sortir!»

Elle a rencontré les enquêteurs, à qui elle a fourni moult détails sur le suspect. Aucun élément pouvant permettre d'identifier le suspect ne peut être révélé. Puis, elle est descendue retrouver le groupe de résidents qui habite le même immeuble qu'elle. Elle a rencontré une vingtaine de personnes et leur a raconté son histoire. Elle ne croit pas que des aînés parmi eux se feront prendre dorénavant et, en sortant dans les médias, elle espère prévenir une plus grande population.

Vigilance à la caisse

Par hasard, jeudi, le vrai Louis Dubé a appelé sa mère. «Elle m'a demandé si j'étais encore à Montréal, mais je revenais d'Ottawa. Elle m'a demandé si j'avais eu l'argent. Là, j'ai dit "oh boy, elle vient de se faire avoir".» Un autre indice que l'histoire racontée par l'arnaqueur est fausse.

M. Dubé se questionne sur les mesures de sécurité au comptoir dans les banques et les caisses.

Dans l'urgence, Mme Larochelle-Dubé s'est présentée à la caisse, où on ne lui a pas posé de questions devant un tel retrait, outre celle d'en connaître une brève raison. Elle leur a dit que c'était pour son fils, tout simplement, ce qui n'a amené aucune autre question. Un retrait aussi élevé ne fait pas partie de ses habitudes, précise M. Dubé, qui gère ses comptes. Il aimerait qu'il y ait davantage de prudence à ce niveau.

«Si tout le monde est vigilant, au bout de la ligne, ça va arrêter», conclut la porte-parole de la police.

 

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