La mère d'un des étudiants mexicains disparus dans l'État de Guerrero l'automne dernier demande l'aide du Canada pour accroître la pression sur le gouvernement mexicain afin d'obtenir des explications sur leur disparition.

Le fils de Hilda Legideno Vargas est l'un des 43 étudiants de l'École normale rurale d'Ayotzinapa, à Iguala, qui ont disparu le 26 septembre - probablement entre les mains d'un cartel de la drogue mexicain. Certains organismes de défense des droits de l'homme ont accusé le gouvernement mexicain d'avoir tenté d'étouffer l'affaire.

Mme Legideno Vargas était à Ottawa, vendredi, pour plaider sa cause devant un représentant du ministère des Affaires étrangères. Elle voudrait que le gouvernement canadien interpelle les autorités mexicaines pour recevoir des réponses à ses questions et rendre justice à son fils, Jorge Antonio Tizapa.

Le gouvernement mexicain dit vouloir inculper les responsables de cette disparition, mais Mme Legideno Vargas n'y croit pas. Elle se demande si les autorités locales pourraient vraiment avoir été complices de ce crime. Elle a ajouté qu'il n'y avait aucune preuve pour soutenir la thèse que les étudiants auraient été tués ou incinérés.

«Tout ce que je fais, je le fais par amour pour mon fils. (...) Nous devions venir ici au Canada pour nous faire entendre parce que le gouvernement mexicain ne fait pas ce qu'il devrait faire», a affirmé la mère monoparentale de 43 ans par la voix d'un interprète, lors d'un entretien avec La Presse Canadienne.

«En tant que mère, je ne peux pas abandonner mon fils, surtout que le gouvernement ne nous a pas fourni de preuves pour nous dire qu'ils sont morts. Alors je ne vais pas arrêter jusqu'à ce que je le trouve ou qu'on ait des preuves du contraire», a-t-elle poursuivi, ajoutant qu'elle ne craignait pas les représailles du crime organisé ou du gouvernement mexicain.

Mme Legideno Vargas a rencontré vendredi la conseillère politique du ministre des Affaires étrangères Rob Nicholson. Elle a aussi témoigné plus tôt cette semaine devant le sous-comité des droits internationaux de la personne de la Chambre des communes.

Elle dit vouloir aussi «sensibiliser le bureau du ministre à la situation pour que, idéalement, le gouvernement canadien puisse diffuser une déclaration publiquement pour appeler le Mexique (à poursuivre son enquête)», a-t-elle expliqué.

Jorge Antonio Tizapa était aussi père d'une fillette d'un an et demi, a indiqué sa mère. «Sa famille était très pauvre et il voulait sortir de cette pauvreté pour sa fille et aider les autres enfants autochtones», a-t-elle relaté.

Une porte-parole de M. Nicholson a indiqué dans un courriel que le Canada avait communiqué ses «profondes inquiétudes» sur les événements d'Iguala aux autorités mexicaines.

Un porte-parole d'Amnistie internationale qui a aussi participé à la rencontre a indiqué que le gouvernement avait bien entendu les demandes de Mme Legideno Vargas, mais il n'aurait pas pris d'engagement concret.

Cette semaine, Isidoro Vicario Aguilar, qui est avocat pour les familles des disparus mexicains, a plaidé devant le comité des députés de la Chambre des communes que le Canada devrait retirer le Mexique de sa liste de pays sûrs.

«Ayotzinapa n'est qu'un seul exemple des violations des droits de l'homme graves et répandues dans l'État de Guerrero et dans plusieurs régions du Mexique, comprenant de la torture, des exécutions extrajudiciaires et des disparitions», a-t-il déclaré.

L'ambassade du Mexique à Ottawa, qui s'est aussi entretenue avec un membre d'Amnistie internationale vendredi, s'est refusée à tout commentaire.