Quatre chefs d'accusations criminelles liés au terrorisme ont été déposés contre les deux étudiants du Collège Maisonneuve arrêtés la semaine dernière.

Mahdi El Jamali et Sabrine Djaermane, tous deux âgés de 18 ans, sont notamment accusés d'avoir tenté de quitter le Canada pour participer à des activités terroristes à l'étranger, d'avoir agi au profit d'une organisation terroriste, d'avoir fabriqué à mauvais escient des substances explosives et d'avoir facilité les activités d'un groupe terroriste.

La procureure fédérale spécialiste de l'antiterrorisme Lyne Décarie, qui était accompagnée d'au moins six policiers, a déposé l'acte d'accusation au palais de justice de Montréal lundi matin. Peu de détails ont été révélés sur les objectifs concrets des accusés.

Les deux jeunes avaient initialement été arrêtés de façon préventive, parce que les autorités disaient avoir des raisons de croire qu'ils commettraient une infraction liée au terrorisme, mais la procureure avait prévenu lors de leur comparution qu'il était possible que des accusations en bonne et due forme soient déposées sous peu.

Perquisition et découvertes

Samedi, La Presse révélait que les enquêteurs avaient découvert des substances pouvant servir à fabriquer des dispositifs explosifs ou incendiaires lors d'une perquisition dans ce dossier. Selon nos sources, les enquêteurs croient que le couple souhaitait partir rejoindre la sanglante guerre civile qui déchire la Syrie.

Comme certains jeunes partis rejoindre des djihadistes là-bas en janvier, Mahdi El Jamali et Sabrine Djaermane étudiaient au Collège de Maisonneuve. Le jeune homme suivait activement les enseignements du prédicateur Adil Charkaoui, comme certains des autres étudiants partis en janvier.

Le garçon et la fille, qui sont détenus séparément depuis leur arrestation, ont échangé quelques paroles à voix basse lorsqu'ils se sont retrouvés assis ensemble dans le box des accusés. Dans la salle, leurs proches ne cachaient pas leur désarroi, certains se prenant le visage entre les mains, d'autres laissant couler leurs larmes.

La juge Silvie Kovacevich a par ailleurs souligné devant la cour qu'un policier avait appelé son bureau la semaine dernière pour demander que le dossier des deux jeunes soit traité en priorité, une ingérence dans les affaires de la cour qu'elle a jugé inacceptable. Elle a demandé à ce que la chose ne se reproduise plus.

Le jeune couple demeure détenu dans l'attente de leur enquête pour remise en liberté. Comme il s'agit d'un dossier lié au terrorisme, il y a renversement du fardeau de la preuve pour la libération : c'est aux accusés de faire la preuve qu'ils peuvent être libérés sans danger, et non à la couronne de démontrer qu'il y a des raisons valables de les garder détenus.

Le ministre de la Sécurité publique Steven Blaney a tenu à féliciter non-seulement les policiers mais aussi les citoyens qui ont collaboré avec les autorités dans ce dossier.

« Je tiens également à souligner l'appui important du public, et remercier les citoyens qui ont aidé les agences de sécurité nationale dans cette enquête. Ensemble nos efforts serviront à protéger les Canadiennes et Canadiens contre les terroristes qui souhaitent nous faire du mal et menacer nos libertés » a-t-il déclaré.

Mahdi El Jamali