Au lendemain de la comparution d'un autre jeune disciple d'Adil Charkaoui relié au terrorisme par la GRC, le Collège de Rosemont annonce qu'il refusera dorénavant de fournir des locaux pour les activités du centre islamique dirigé par ce dernier.

Le Centre communautaire islamique de l'Est de Montréal (CCIEM) louait des locaux au collège depuis septembre 2010 pour des activités de karaté et kick-boxing. Des cours étaient offerts par Adil Charkaoui, grand adepte d'arts martiaux.

En février dernier, après la disparition d'un groupe de jeunes Québécois, dont certains avaient suivi les cours de M. Charkaoui, et qui seraient partis pour rejoindre des djihadistes en Syrie, le Collège avait suspendu temporairement le contrat de location de locaux, pour vérifier s'il était approprié de faire affaire avec le CCIEM.

La direction s'inquiétait notamment d'un lien sur le site internet du centre, qui donnait accès à du matériel radical et violent, ainsi que d'une vidéo qui pouvait être considérée «dénigrante ou menaçante envers un autre groupe religieux».

Le Collège a eu des discussions avec le centre communautaire, qui a supprimé un lien de son site web et a émis des directives pour éviter aux étudiants toute exposition à du contenu problématique. Mais il aurait refusé de s'engager à respecter le code de vie de l'établissement à l'extérieur du collège.

Gravité des gestes posés

«Au terme des discussions et après considération de la gravité et de la nature des gestes posés, de la négligence du CCIEM dans ses communications, de l'absence d'explications satisfaisantes et du refus de s'engager à respecter [les règlements du Collège] à l'extérieur de l'enceinte de l'établissement, le Collège de Rosemont prend la décision de mettre fin aux activités tenues par le CCEIM dans ses installations», précise un communiqué émis jeudi matin.

Le communiqué rappelle que les étudiants et usagers du Collège proviennent de cultures et religions très diversifiées et que chacun doit faire preuve de respect mutuel pour garder un climat adéquat en son sein.

Le Collège de Maisonneuve, lui, a déjà annoncé qu'il permettrait la poursuite des cours pilotés par Adil Charkaoui dans ses locaux jusqu'à la fin du contrat de location, en juin.

Hier, un jeune homme de 18 ans, qui était inscrit sur Facebook à un séminaire religieux dispensé par M. Charkaoui et faisait abondamment la promotion de ses enseignements sur internet, a comparu devant la cour, car la GRC dit avoir des raisons de croire qu'il s'apprêtait à commettre une infraction terroriste. Il est demeuré détenu et reviendra en cour lundi.

M. Charkaoui a refusé de discuter du cas du jeune homme lorsque joint par La Presse. Il s'est dit victime d'une campagne de salissage et a dénoncé la «culpabilité par association» et les «coulages répétés» d'informations dommageables à sa réputation.

Rappelons que M. Charkaoui poursuit le gouvernement canadien en dommages pour l'avoir associé à Al Qaida. Sa réclamation en dommages est toujours pendante devant les tribunaux.