Trois langues autochtones parlées au Canada seront étudiées par des expertes qui tentent de comprendre les processus d'apprentissage des langues maternelles chez les enfants.

Le projet, chapeauté par l'Université de Zurich, se penchera sur le cas de dix langues, dont le déné, le cri de l'est et l'inuktitut.

Les experts en linguistique savent déjà que les enfants apprennent facilement leurs langues natales, mais ils ne comprennent pas exactement comment ils peuvent y arriver.

«C'est un miracle que n'importe quel enfant puisse apprendre n'importe quelle langue quand ils sont exposés si jeunes», a expliqué Dagmar Jung, chercheuse à l'Université de Zurich.

Afin de récolter ses données, Mme Jung se rendra à la réserve de la Première Nation Clearwater River Dene, au nord de la Saskatchewan, où elle sera accompagnée de Olga Lovick, professeure en linguistique à l'université des Premières Nations. Il s'agit de l'un des trois endroits dans le monde où l'on parle le déné.

On estime qu'il existe 7000 langues vivantes dans le monde, mais la plupart des recherches portent sur les langues européennes.

«On ne se demande comment les enfants font pour apprendre une langue qui est tellement différente structurellement comme le déné», a indiqué Mme Jung, en entrevue de Regina, en Saskatchewan.

Dagmar Jung restera deux mois dans la réserve, tandis que sa collègue s'assurera que les membres de la communauté enregistrent leurs enfants de deux ou trois ans et notent ce qu'ils disent pour la prochaine année.

Mme Lovik aide à l'organisation de la recherche, dans laquelle seront impliqués des experts de la langue déné, des familles de la communauté, ainsi que des assistants de recherche.

À un certain moment, le Canada abritait plus de 70 langues autochtones distinctes. Des dizaines auraient maintenant disparu et plusieurs autres seraient en danger, selon les dernières données.

«En étant ici et en démontrant notre intérêt (...) nous espérons que cela rappellera aux gens comment c'est important qu'ils continuent de parler le déné pour que leurs enfants continuent de l'apprendre. À plusieurs endroits, il est déjà trop tard», a regretté Mme Lovik.

Les chercheuses essaieront aussi de trouver des moyens pour que les adultes puissent mieux apprendre ces langues.

«Nous savons comment c'est difficile de le faire en tant qu'adulte. Alors tout le monde est impatient de savoir comment les enfants le font parce qu'on ne sait tout simplement pas comment (c'est possible) si facilement», a souligné Mme Jung.

Les autres langues à l'étude sont le turc, le japonais, le russe, le sesotho (Afrique australe), le maya yucatèque (Mexique), le chintang (Népal) et l'indonésien.