Une grande journée de mobilisation contre les changements climatiques sera organisée le 11 avril prochain à Québec, à quelques jours de la rencontre du Conseil confédéral des premiers ministres où il sera question d'environnement. Et le maire de Saguenay Jean Tremblay, qui a appelé les travailleurs à se mobiliser contre Greenpeace et les intellectuels, est invité.

« Nous l'invitons à avoir le courage de rencontrer les gens qu'il traite d'intellectuels et de radicaux pour voir que ce sont des familles, des travailleurs, du monde ordinaire qui ont à coeur l'avenir de leurs enfants », a réagi Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki, une des organisations qui participera à la Marche Action Climat.

M. Tremblay et Karl Blackburn le porte-parole de l'entreprise Produits forestiers Résolu (PFR) ont blâmé les groupes environnementalistes (qualifiés de façon péjorative « d'intellectuels » par le maire), pour la perte de 85 emplois à l'usine d'Alma.

« Je suis un intellectuel, je suis un écologiste. Je suis aussi un travailleur », s'est indigné le metteur en scène Dominic Champagne qui participait à la conférence de presse dimanche. Je suis un créateur de spectacle [...] je suis aussi un créateur d'emploi. J'en rapporte des revenus au Québec, en masse, et ça m'insulte de me faire traiter comme si j'étais un empêcheur à la création de la richesse. »

M. Champagne a aussi critiqué la réaction du premier ministre Philippe Couillard qui n'a pas voulu commenter les propos du maire Tremblay, mais a tout de même invité Greenpeace à « se préoccuper du monde ».

« Ce n'est pas digne d'un premier ministre qui prétend vouloir mener une lutte aux changements climatiques », déplore M. Champagne.

Les associations qui organisent la marche du 11 avril veulent d'ailleurs rappeler aux dirigeants du pays que la lutte contre les changements climatiques doit être une priorité, a ajouté Steven Guilbeault directeur général d'Équiterre. Selon lui, il leur sera impossible de respecter leurs engagements tout en continuant d'exploiter les combustibles fossiles. « Tout cela est incompatible avec l'exploitation des sables bitumineux et le projet Energie Est qui permettrait de doubler la production de ces sables », a-t-il expliqué.

Le projet d'Oléoduc Énergie Est de TransCanada est un pipeline de 4600 kilomètres qui permettrait de transporter jusqu'à 1,1 million de barils de pétrole par jour de l'Alberta de la Saskatchewan vers le Québec et le Nouveau-Brunswick.

« L'illusion que nous vend TransCanada est qu'ils vont apporter tant d'argents que [le projet] sera bien pour nous », a ajouté le grand chef de la communauté Mowawk de Kanesatake, Serge Simon

Selon la revue Nature citée par M. Guilbeault, si le Canada veut atteindre ses cibles fixées à Copenhague en 2009 en matière de réductions des émissions de C02, jusqu'à 85 % des sables bitumineux actuellement dans le sol ne devraient pas être exploités.

La « dette écologique »

« On nous parle constamment d'équité intergénérationnelle, on nous dit qu'il faut sabrer dans les services publics pour les générations futures, c'est assez contradictoire et ironique de le voir le gouvernement fermer les yeux sur ce qui est vraiment inquiétant: la dette écologique qu'on va léguer aux futures générations », a poursuivi le militant Gabriel Nadeau-Dubois qui participera à l'événement le mois prochain.

La présidente de la CSQ Louise Chabot a indiqué que la centrale syndicale participera à la marche et a rappelé que la mobilisation printanière syndicale et étudiante s'oppose à l'austérité et aux hydrocarbures.

La marche du 11 avril se veut familiale et festive, a précisé M. Mayrand avant d'inviter les participants à se vêtir de rouge pour l'événement afin de former un thermomètre humain géant devant l'Assemblée nationale à Québec.