Le Syndicat de l'agriculture observe un très grand nombre de cas de dépression et de «burn-out» chez les inspecteurs de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) qu'il représente.

Selon les derniers chiffres (2013), 23% du personnel de l'ACIA a fait appel au Programme d'aide aux employé(e)s et à leur famille, notamment en raison de l'angoisse qui découle du stress lié à leur emploi. C'est un rythme trois fois supérieur à la moyenne de la fonction publique fédérale (7%). Une situation qui inquiète Bob Kingston, président du Syndicat, lequel craint que la situation ne soit dangereuse, non seulement pour la santé mentale des inspecteurs, mais aussi pour la salubrité des aliments et le bien-être des animaux.

«Je ne suis pas surpris par ces chiffres, étant donné le manque de ressources de l'ACIA», explique Bob Kingston, inspecteur à l'ACIA depuis 25 ans (dont 15 ans comme superviseur). Un sous-effectif auquel viendrait s'ajouter, selon lui, un manque de soutien de l'Agence auprès de ses inspecteurs, chargés de faire appliquer la loi fédérale dans les chaînes d'abattage du pays.

«Si une compagnie trouve un inspecteur trop rigoureux, elle peut faire une plainte contre lui. Et le superviseur va souvent prendre le côté de l'abattoir. L'inspecteur sera ainsi envoyé dans un autre endroit, sans même une enquête plus poussée», selon M. Kingston.

«En Ontario, c'est arrivé récemment avec une inspectrice qui a identifié que les volailles qui arrivaient dans l'abattoir avaient les pattes arrachées. Elle l'a signalé, mais on lui a demandé d'ignorer la situation, car quelqu'un d'autre allait s'en charger. Ça n'a bien évidemment jamais été le cas», ajoute-t-il.

Selon M. Kingston, la section albertaine du Syndicat de l'agriculture aurait ainsi perdu au moins une quarantaine d'inspecteurs à cause de ce genre d'incidents. «Il y a de bons superviseurs, mais il y en a assez de mauvais pour décourager les inspecteurs d'agir. Ce qui peut causer des problèmes graves de salubrité», précise M. Kingston.

Consommateurs en danger?

La gestion des services d'inspection au fédéral au cours des dernières années a été frappée par deux scandales. L'épidémie de listériose, en 2008, à l'établissement Maple Leaf Foods inc. de Toronto a entraîné 22 morts et une poursuite collective de 27 millions de dollars. Puis, en 2012, le boeuf infecté par E. coli provenant de l'établissement XL Foods inc. de Brooks, en Alberta, a causé 18 cas de maladies chez des consommateurs et le plus important rappel de bovins de l'histoire du Canada. XL Foods a pourtant, à lui seul, 40 inspecteurs et 6 vétérinaires qui se relayent sur ses chaînes.

«Une enquête a notamment conclu que les inspecteurs et inspectrices de l'ACIA avaient reçu pour instructions d'ignorer certains problèmes d'hygiène et produits carnés contaminés», précise le président du Syndicat de l'agriculture, Bob Kingston.

«Les inspecteurs font des "burn-out", et au lieu de leur apporter leur aide, les superviseurs changent les taux d'inspection, surtout en ce qui concerne la préopération, ce qui met bien entendu en danger les conditions sanitaires. J'ai appelé le président de l'ACIA et il ne le savait même pas! Quand on parle aux superviseurs, ils disent qu'ils n'ont pas autorisé ça. Mais quand on va sur le terrain, on nous dit que les instructions viennent «d'en haut». Quelqu'un ne dit pas la vérité et met les Canadiens en danger», lance M. Kingston.