« Au quotidien, L'Assomption c'est une guerre de tranchées où les cadres et les élus sont toujours entre deux feux », estime son directeur général, Jean Lacroix.

Au deuxième jour de son témoignage devant la Commission municipale du Québec (CMQ), il a affirmé aux juges qu'il y avait un « stratagème entre les cadres qui sont tous partis en même temps en congé de maladie ». Comment en est-il arrivé à cette conclusion ? Il a répondu en contre-interrogatoire qu'une taupe à la direction de l'urbanisme, Christian Lévesque, lui avait raconté que des cadres lui avaient suggéré d'aller consulter un médecin.

À ce jour, M. Lacroix estime que la Ville a engouffré plus de 100 000 dollars en frais d'avocats pour enquêter sur ses propres cadres, autorisant le cabinet Dufresne Hébert Comeau à confier à des détectives, experts en informatique et psychiatres des contre-expertises. D'autres factures n'ont pas encore fait l'objet de réclamations, a-t-il révélé, en étant dans l'impossibilité de les transmettre à la CMQ à ce jour.

Durant cette même période, le haut fonctionnaire, Jean Lacroix, a raconté avoir ordonné à son procureur de la cour municipale, par souci d'économie, de cesser d'avoir recours à un expert en système d'échappement pour défendre les constats d'infraction des policiers municipaux remis dans le cadre d'une opération baptisée Trompette. Le tarif de l'expert en question était d'environ 350 $. Comme Me Suzanne Dubé n'était pas d'accord avec la directive, elle a été remerciée de ses services sans avoir été rencontrée au préalable, a-t-on appris lors des audiences.

« Selon un tableau émanant du vérificateur général, les revenus d'amendes étaient passés de 479 109 à 48 000 dollars, de 2011 à 2013, a fait valoir M. Lacroix. On voulait une approche plus communautaire », a-t-il affirmé au procureur en chef de l'enquête publique, Me Joël Mercier.

Me Mercier a voulu savoir ce qu'il était advenu des audiences en cour municipale prévues deux jours plus tard, en présence de l'expert. « On privait la poursuite [Ville] d'un expert venant établir la non-conformité des systèmes, non ? », a demandé le procureur. « Vrai », a répondu le directeur général, en expliquant que les comparutions ont été reportées, que l'expert a quand même été payé, sans omettre les frais de cour. Une somme d'environ 1000 $.

Comme Bruny Surin

M. Lacroix a lancé un cri du coeur lorsqu'il a été question des circonstances entourant la mutation d'une cadre du greffe, Hélène Michaud, à un poste de secrétaire à la division des loisirs. Cette dernière a porté plainte pour congédiement déguisé. M. Lacroix a admis qu'il l'avait sommée de sortir quand elle avait réclamé des explications de vive voix, après avoir appris sa mutation via une simple lettre.

« Du jour au lendemain, j'ai eu le tiers de mes cadres en moins. Si je n'avais pas été là, ce serait pire. Un groupe de cadres a semé le chaos. C'était comme si on demandait à Bruny Surin de courir avec de la boue jusqu'aux genoux. J'étais chargé comme un mulet. Dans un contexte de crise, on a réussi à déposer 800 résolutions. La Ville continue de fonctionner. Vous ne trouverez pas de scandale de corruption. Je compte sur la Commission, il faut une opération de pardon, j'ai donné mon maximum. »

Les audiences reprennent aujourd'hui. Le conseiller Fernand Gendron, au coeur des dissensions, sera appelé à témoigner.