L'ancien ministre des Affaires étrangères du Canada, Lloyd Axworthy, qui a été l'instigateur de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel il y a 17 ans, voit des signes encourageants d'un appui possible des États-Unis, qui pourraient bientôt se joindre aux 166 pays signataires.

M. Axworthy estime que la ratification par les États-Unis pourrait encourager d'autres pays à faire de même. Les États-Unis et une trentaine de pays refusent d'appuyer le traité depuis sa signature à Ottawa, en 1997.

Cette semaine, le secrétaire d'État des États-Unis John Kerry a annoncé que son pays tenterait de trouver des moyens pour adhérer au traité international, qui interdit l'emploi, la production, l'accumulation et l'exportation de mines antipersonnel.

M. Kerry a écrit dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien américain USA Today que les mines antipersonnel constituaient toujours un véritable fléau dans 60 pays qui sont pourtant pacifiés.

Selon le secrétaire d'État, il s'agit d'un «héritage de la guerre qui tue et mutile des populations locales».

L'utilisation de mines antipersonnel en Syrie démontre toute la nécessité de travailler à les interdire partout dans le monde, selon M. Axworthy.

«Que les Américains s'investissent autant récemment est une bonne étape. Cela pourrait amener un momentum à la campagne», a-t-il remarqué, ajoutant que cet effort pourrait encourager le Canada à poursuivre ses objectifs en la matière.

«Il y a eu des reculs importants de la part du gouvernement du Canada», a-t-il déploré.

Il est d'ailleurs déçu que le gouvernement Harper n'assume pas un rôle plus actif à l'international pour travailler à éradiquer ces mines - une «occasion manquée», selon lui.

«Le Parti conservateur appuyait le traité à l'époque, nous avions rassemblé tous les partis (...) C'était un enjeu qui concernait le pays en entier», a-t-il expliqué.

L'organisme de surveillance International Landmine Monitor avait rapporté la semaine dernière que le soutien du Canada s'était amoindri à travers le temps.

Paul Hannon, directeur de Mines Action Canada, regrette que le Canada ait glissé en 14ème position au monde pour ses contributions financières au traité. Il encourage d'ailleurs le gouvernement canadien à influencer son voisin du sud.

«Les États-Unis n'ont qu'un pas de plus à faire et le Canada devrait faire tout ce qu'il faut pour que cela se fasse», a-t-il souligné.

Le porte-parole du ministre des Affaires étrangères John Baird a affirmé qu'il avait accueilli chaleureusement l'appui des Américains.

«Le Canada continue d'encourager tous les États qui ne se sont pas encore joints à le faire», a indiqué Adam Hodge, par courriel.