La Commission de la construction du Québec (CCQ) a refusé de siéger à un comité sur l'emploi sur la Côte-Nord en raison de la présence d'un proche du syndicaliste Bernard Rambo Gauthier, révèle une lettre obtenue par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Le printemps dernier, une table régionale avait été mise sur pied afin d'étudier la situation de l'emploi sur la Côte-Nord. La CCQ avait d'abord accepté en novembre 2013 de prendre part à ce groupe, mais «depuis, les circonstances m'ont forcée à suspendre [notre] participation», a écrit la PDG de la Commission, Diane Lemieux, dans une lettre datée du 7 avril 2014.

Dans la missive dont le nom du destinataire a été caviardé, elle dit s'être ravisée après avoir appris que le vice-président de la FTQ-Construction, Bernard Girard, siégerait à ce comité. Elle indique que celui-ci a «participé directement aux manoeuvres de Bernard Gauthier», selon un jugement de la Cour supérieure de mars 2014. Cette proximité avec celui que plusieurs surnomment Rambo a vivement déplu à Diane Lemieux.

«Je ne peux pas envisager qu'un représentant de la CCQ siège en compagnie de M. Girard pour parler d'embauche régionale et de mobilité de la main-d'oeuvre. L'enjeu d'équité que soulève la juste part d'emploi qui devrait être réservée aux travailleurs locaux, si légitime qu'il soit, ne saurait supplanter celui du recours à l'intimidation et à la menace», a écrit Mme Lemieux.

Indignation

La FTQ-Construction s'est indignée du désistement de la CCQ à la table régionale. Le directeur général du syndicat, Yves Ouellet, dit qu'il avait été surpris au printemps de constater l'absence de la CCQ à ce comité, mais qu'aucune raison ne leur avait été fournie. Il se dit maintenant renversé d'apprendre que c'est la présence de Bernard Girard qui a motivé cette absence. «Ça me jette à terre. À ce que je sache, il n'est accusé de rien, il n'est coupable de rien. Ce n'est pas la CCQ qui va décider qui on délègue», a tonné Yves Ouellet.

Le directeur général de la FTQ-Construction estime que la CCQ a manqué à son devoir en ne siégeant pas à cette table. «C'est dommage parce que ce sont les travailleurs qui payent à 60% la CCQ, et ils avaient droit à ce qu'elle soit là. Nous, on ne commencera pas à ne pas aller aux tables parce qu'on n'aime pas ceux qui y siègent», a ajouté M. Ouellet.