Le degré de fatigue, les habitudes de sommeil et la «capacité de prendre des décisions efficaces et sécuritaires» figuraient parmi les facteurs de risque mentionnés dans les directives de Transports Canada pour les opérateurs travaillant seuls dans leur train, en mai 2013.

Ces directives ont ainsi été finalisées moins de deux mois avant la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic.

Les dossiers, obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, montrent que plus d'une douzaine de «facteurs humains» comme la fatigue, le style de vie et la charge de travail, ainsi que la meilleure façon de composer avec ceux-ci, ont été mis en lumière pour les évaluateurs de la sécurité sur rail.

Les directives de Transports Canada, finalisées le 13 mai 2013, devaient aider le personnel du ministère à évaluer les dangers guettant les trains avec un seul employé.

Le 6 juillet 2013, un train de 72 wagons arrêté pour la nuit s'est mis à dévaler vers Lac-Mégantic, provoquant une boule de feu qui a tué 47 personnes, détruit des édifices et contaminé des sources d'eau.

La compagnie Montreal, Maine and Atlantic Railway - maintenant dissoute - et trois employés, dont le seul opérateur du train, font face à des accusations de négligence criminelle ayant causé la mort.

Le Bureau de la sécurité des transports doit publier mardi son rapport final sur l'accident dévastateur.

La préface d'une version préliminaire des directives, en mars 2013, fait état de la volonté de promouvoir «l'uniformité et les meilleures pratiques de l'industrie», en ce qui concerne la gestion sécuritaire des trains avec un seul employé.

«C'est la compagnie ferroviaire qui est finalement responsable d'assurer la sécurité de ses opérations», peut-on y lire.

Les directives recommandent aux entreprises ayant des trains avec un seul employé de réviser leur «plan de gestion de la fatigue» déjà en place, pour s'assurer qu'on y trouve des avis au préalable des horaires de travail, l'occasion de faire une sieste requise, une rotation en bonne et due forme des quarts de travail, des pauses et des cycles alternant travail et repos.

Les directives appellent aussi à des procédures pour gérer les situations où un employé se juge inapte au travail, si appelé de façon imprévue; s'assurer que l'opérateur du train a eu de la formation liée à la santé et à la mise en forme, et qu'il ait récemment subi un examen médical; fournir aux employés travaillant seuls dans leur train de la «formation spécifique» et ensuite en transmettre un relevé à Transport Canada, si demandé.

Les directives abordent plusieurs autres aspects comme les limites de vitesse, les inspections, les protocoles de communication, la précision des rapports et la gestion des urgences.

Les directives viennent d'un groupe de travail sur la sécurité ferroviaire nationale, qui s'est fié en partie sur une étude de mars 2012 faite par le Conseil national de recherches, pour Transports Canada.

L'étude a scruté les opérations de trains à un employé de Montreal, Maine and Atlantic et de la compagnie Quebec North Shore and Labrador, les enquêtes pertinentes sur la sécurité, ainsi que des opérations similaires avec un seul employé à travers le monde.

«Il est reconnu que de réduire le personnel d'un train à une seule personne affecte le niveau de sécurité, si on ne modifie pas convenablement les opérations et la technologie», mentionne le rapport du Conseil national de recherches.