Le bar Le Boudoir, à Québec, a finalement renvoyé le portier qui aurait eu un comportement homophobe à l'égard d'un couple d'hommes en visite dans la capitale, dimanche dernier. Mais cette décision ne fait pas l'affaire des principaux intéressés, qui auraient préféré que l'établissement profite de l'occasion pour sensibiliser ses employés à l'homophobie et à la discrimination.

«On n'approuve pas les gestes homophobes», tranche Yan Bouchard, propriétaire du Boudoir, situé sur la rue du Parvis, en basse-ville de Québec. «Il y a plusieurs versions à l'histoire», ajoute-t-il, en précisant que son intention n'est pas de lancer un débat sur les circonstances qui ont mené au renvoi d'un portier qui était à son emploi depuis cinq ans.

William Kelly et son fiancé rapportent avoir été approchés par un portier alors qu'ils dansaient. «Je ne veux pas ça dans mon bar», aurait dit l'employé, selon ce que rapporte M. Kelly, un résidant d'Ottawa. 

Deux jours plus tard, il assure qu'il n'a jamais voulu que le portier subisse «les impacts négatifs» de cette histoire hautement médiatisée. «Nous voulions plutôt que le propriétaire profite de l'occasion pour offrir une formation sur l'homophobie et la discrimination à ses employés. Il existe des ressources pour ça», avance M. Kelly. «Je sais qu'il envoie le message qu'il ne tolère pas l'homophobie, mais il reste que l'employé pourrait répéter ce type de comportement dans un autre établissement.»

William Kelly et Yan Bouchard ont eu quelques conversations téléphoniques depuis l'événement. «Je pense que le couple ne voulait pas que ça aille jusque là», déclare le propriétaire, en référence au renvoi de son employé. Mais Yan Bouchard se sent comme la cible d'une chasse aux sorcières. «Vous devriez écouter ma boîte vocale, voir ma boîte courriel. On nous traite de ci et de ça», lance-t-il.

En dix années d'opération, Le Boudoir affirme n'avoir jamais eu de problèmes avec la communauté homosexuelle. «Nous avons même tenu des événements gais», souligne M. Bouchard, qui assure que son bar est ouvert et tolérant. 

«Mais ces événements lui permettent de faire de l'argent», réplique William Kelly. «Le meilleur moyen de composer avec des situations comme celles-ci, c'est de miser sur l'éducation», martèle-t-il.

- Avec la collaboration de Guillaume Piedboeuf, Le Soleil