Le fils d'un couple canadien détenu en Chine en lien avec des allégations d'espionnage affirme que ses parents se portent bien physiquement, mais qu'ils sont «très frustrés et déconcertés».

Simeon Garratt a indiqué qu'un agent consulaire canadien en poste à Dandong avait été autorisé à parler avec Kevin et Julia Garratt pendant 30 minutes chacun, mercredi.

Le couple chrétien vit en Chine depuis 30 ans et exploite un café dans cette ville située près de la frontière avec la Corée du Nord. En plus de gérer leur café, M. et Mme Garratt fournissaient régulièrement une aide humanitaire à des orphelinats et des maisons de retraite en Corée du Nord. Ils organisaient aussi des messes chez eux le dimanche.

Simeon Garratt a expliqué que ses parents, qui ont été arrêtés lundi soir, avaient demandé à l'agent consulaire d'informer leurs quatre enfants qu'ils étaient détenus dans une maison d'hôtes et qu'ils se portaient bien, mais qu'ils étaient frustrés par la situation.

L'homme et la femme font l'objet d'une enquête pour avoir supposément volé des secrets d'État sur les recherches militaires et de défense nationale menées par la Chine.

Ces allégations sont survenues quelques jours après que le gouvernement canadien eut accusé des pirates informatiques chinois de s'être infiltrés dans les ordinateurs du Conseil national de recherches du Canada (CNRC). L'ambassade de Chine à Ottawa a fermement nié ces allégations.

L'imbroglio dans lequel se trouve le couple Garratt a reçu beaucoup d'attention dans les médias des États-Unis et d'autres pays. Des analystes américains soulignent que l'arrestation du couple canadien n'a rien de singulier, et l'attribuent aux politiques intérieures de la Chine.

Les nouveaux dirigeants chinois ont adopté une stratégie en deux volets pour maintenir l'appui de la population envers le parti au pouvoir, affirment-ils: resserrer la discipline à l'interne tout en jouant la carte nationaliste contre de prétendues forces extérieures. La détention de Kevin et Julia Garratt répond à ces deux objectifs généraux, soulignent ces analystes.

Robert Daly, de l'Institut Kissinger sur la Chine et les États-Unis, affirme qu'il est difficile d'imaginer que des espions aient pu gérer un petit café bien visible dans une ville éloignée, politiquement sensible et étroitement surveillée près de la frontière nord-coréenne. Mais leur arrestation envoie un message politique fort, estime M. Daly.

«Les dirigeants qui ont ordonné l'arrestation savaient que cela représenterait un autre revers pour la «puissance douce» de la Chine», explique l'ancien diplomate. «Le fait qu'ils aient décidé de procéder indique qu'ils jouent non pas avec l'opinion internationale, mais avec une audience intérieure. Si cette analyse est juste, l'objectif du Parti communiste est de démontrer au peuple chinois qu'il n'est pas intimidé par les accusations voulant que des pirates chinois aient attaqué le CNRC.»