Le français est sur toutes les lèvres en cette journée d'ouverture de la 40e session de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie, et aussi un nom: celui de l'ex-gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, qui veut devenir la prochaine secrétaire générale de l'organisation.

La campagne de Mme Jean battait son plein au Château Laurier à Ottawa, lundi, où se tenait la session parlementaire.

Elle recevait dans l'un des salons de l'hôtel les représentants de différents pays, qu'elle tente de convaincre de la choisir comme successeur au Sénégalais Abdou Diouf, l'actuel secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie.

Comme la population francophone se trouvera à l'avenir surtout en Afrique, plusieurs ont indiqué qu'il serait plus approprié de choisir un secrétaire général en provenance de ce continent.

Michaëlle Jean l'a bien compris et recevait surtout en ce lundi des représentants africains, notamment ceux du Burundi, du Bénin, de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso.

Pour mousser sa candidature, elle a fait valoir son expérience comme gouverneure générale et comme envoyée spéciale de l'UNESCO en Haïti.

Et elle dit être à la fois du Nord et du Sud.

«Les pays africains ont en moi une alliée, a-t-elle soutenu. J'ai la sensibilité du Sud et en même temps, j'apporterai avec moi tout le réseau qu'il faut activer de pays plus avancés comme le Canada.

«Je sens énormément de confiance», a-t-elle dit en lien avec les appuis qu'elle a reçus.

Le gouvernement conservateur à Ottawa assure que l'ex-gouverneure générale a tout son soutien et qu'il fait la promotion de sa candidature en coulisses.

«Elle a de bons atouts, elle sait rassembler, fine diplomate. Elle a tout ce qu'il faut», a résumé lundi le ministre du Développement international et de la Francophonie, Christian Paradis.

Mme Jean partage d'ailleurs la vision du gouvernement selon laquelle le développement économique est un élément clé de la réduction de la pauvreté, entre autres. Interrogée à ce sujet, puisqu'elle en a fait un élément de sa campagne, Mme Jean a expliqué qu'il s'agissait d'une requête des membres lors du dernier sommet de la Francophonie, de prendre les bonnes stratégies pour soutenir le développement et la prospérité.

Le ministre Paradis a souligné que Québec est enthousiaste envers la candidature de Mme Jean, tout comme le Nouveau-Brunswick. «On va faire front commun», a-t-il assuré.

Québec offre aussi son soutien: le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon, a été vu accompagner des représentants africains dans le petit salon où Mme Jean les rencontrait. Il a déclaré faciliter les rencontres de ceux qui les demandaient.

Bien qu'il croie que l'avenir de la Francophonie soit en Afrique, M. Chagnon ne voit pas comme une nécessité que le secrétaire général de l'organisation provienne de ce continent.

Quant au gouverneur général du Canada, David Johnston, il a aussi ajouté son grain de sel, laissant planer la possibilité d'un endossement.

«Comme l'a déjà dit ma prédécesseure, la très honorable Michaëlle Jean, 'la langue française est beaucoup plus qu'un héritage. C'est un espace de rencontre. Un espace de partage'», a-t-il rappelé aux parlementaire réunis.

Pour le moment, Mme Jean a comme compétiteur Jean-Claude de l'Estrac, ex-ministre des Affaires étrangères de l'île Maurice.

Abdou Diouf a aussi donné lundi son dernier discours à l'Assemblée parlementaire, avant de prendre sa retraite. Il semblait souffrant et a dû livrer son discours assis.

Débutant son allocution, il s'est d'abord adressé au gouverneur général David Johnston puis à Michaëlle Jean, avant de saluer les parlementaires canadiens.

Il a enjoint aux représentants des pays membres d'être des vigiles de la francophonie, mais aussi de la démocratie.

«Je suis intimement persuadé que la mission de la Francophonie en faveur de la démocratie, des droits de l'homme et de la paix n'aurait pu s'affirmer pleinement sans votre capacité de lancer des alertes précoces, de suivre les crises, d'aider à leur résolution, et ce, grâce au maillage unique que constituent vos sections réparties dans l'espace francophone et bien au-delà», a dit M. Diouf.

Notant que les pays se débattent tous avec des enjeux budgétaires, il a dit aux représentants: «Je vous prie de veiller à ce que l'essentiel ne soit pas négligé. L'essentiel, c'est la langue, la culture, les valeurs.»

«Je compte sur vous pour que la Francophonie soit au centre des préoccupations de vos parlements», a-t-il poursuivi.

Le prochain Sommet de la Francophonie aura lieu à Dakar au Sénégal en novembre.