Un éminent avocat haïtien spécialisé en matière de droits de la personne exhorte le maire de Montréal Denis Coderre à présenter ses excuses pour avoir prétendument menti à propos de la destitution de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide, il y a dix ans cette semaine.

Me Mario Joseph, qui a représenté M. Aristide, a fait cette demande jeudi lors d'une visite à Montréal.

M. Coderre était ministre fédéral responsable des pays francophones, dont Haïti, au moment de l'expulsion de M. Aristide du pouvoir. L'avocat prétend que M. Coderre a menti durant les jours précédant la destitution de l'ex-président, lorsqu'il a affirmé qu'Ottawa ne souhaitait pas le départ du chef élu démocratiquement.

L'avocat soutient que M. Coderre a menti à nouveau après le retrait de M. Aristide, en affirmant que le président n'avait pas été forcé de quitter contre son gré et qu'il avait démissionné de son propre chef.

Denis Coderre a répondu à ces allégations qu'il n'avait aucune raison de s'excuser et qu'il avait toujours été un ami d'Haïti. Il a ajouté qu'il croyait que Me Joseph tentait d'amener la politique interne d'Haïti au Canada.

M. Coderre prévoit un séjour de quelques jours en Haïti à la mi-mars, avec une délégation canadienne dédiée à la reconstruction de Port-au-Prince.

Mario Joseph a aussi soutenu que le Canada avait joué un rôle important dans le coup d'État des États-Unis qui a destitué Jean-Bertrand Aristide pour la seconde fois, en 2004. Il avait aussi été chassé du pouvoir en 1991.

M. Aristide demeure une figure politique très populaire en Haïti. Jeudi, quelque 2000 personnes ont marché dans les rues de Port-au-Prince pour souligner le 10e anniversaire de sa destitution.

Perçu comme un héros par les plus pauvres du pays, il a mené un mouvement pour chasser du pouvoir le dictateur Jean-Claude «Baby Doc» Duvalier.