L'été dernier, Muneko, un rottweiler de six ans décrit comme paisible par sa propriétaire, a eu la mauvaise idée d'attaquer un chien et de tuer un chat en moins d'un mois. Après une brève contestation juridique, il a été euthanasié la semaine dernière, sur ordre d'un juge de la Cour supérieure.

Le jugement, qui vient d'être rendu public, a donné raison sur toute la ligne à l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, où ont eu lieu les incidents. Il confirme d'ailleurs la tendance en cette matière: sur sept causes portées devant les tribunaux pour contester l'euthanasie d'un animal agressif depuis 2007, selon une compilation de La Presse, Montréal et ses arrondissements en ont remporté cinq.

«La loi est très très stricte, c'était extrêmement difficile de renverser la décision», explique Me Hila Huelsen, avocate de la propriétaire de Muneko, Maria Del Rocio Nelson.

Les faits, toutefois, ne laissaient guère de doute sur l'issue du jugement. Le 6 août 2013, le chien, «de race croisée rottweiler», a mordu «sans provocation» un congénère à plusieurs reprises, lui lacérant la peau à la cuisse. L'arrondissement a alors ordonné à Mme Nelson de museler son chien pour toute sortie et ce, pendant 90 jours. Or, 26 jours plus tard, le 1er septembre, Muneko a eu droit à une sortie sans muselière. Un chat a bondi devant lui en feulant, Mme Nelson a perdu pied et a échappé la laisse. Muneko a mordu et tué le chat. Une fillette de quatre ans, à qui appartenait le félin, a vu la scène et ses cris ont alerté sa mère. Celle-ci a d'ailleurs témoigné devant la cour que «le chien de Mme Nelson a déjà tenté de monter sur son balcon pour attraper un chaton et qu'elle en a peur.»

L'arrondissement du Plateau a alors ordonné l'euthanasie de Muneko.

On estime qu'une vingtaine d'avis d'euthanasie sont émis chaque année à Montréal pour des cas de morsure par un animal. Il est rare qu'un de ces avis soit annulé par un juge. La Presse n'a recensé que deux cas depuis 2007, le plus récent impliquant un pitbull nommé Tyson. Il a échappé à l'euthanasie en mai 2011, mais ne peut plus sortir sans muselière.

En 2007, un couple a voulu faire annuler l'exécution de ses deux chiens. Le juge a gracié la femelle, mais a confirmé l'euthanasie du mâle, qui s'appelait lui aussi, d'ailleurs, Tyson.