Aux États-Unis, 2% des jeunes de 21 ans ont déjà commis un viol, et 8% d'entre eux ont fait des attouchements sexuels non désirés. C'est du moins ce que révèle la première étude sur les jeunes violeurs, qui a suivi 1068 jeunes pendant six ans.

«Les études sur les violeurs montrent que le problème apparaît souvent beaucoup plus tôt», explique Michelle Ybarra, du Centre de recherche sur les innovations en santé publique, en Californie, auteure principale de l'étude parue hier dans la revue JAMA Pediatrics. «Les centres de contrôle des maladies [CDC] nous ont demandé de faire le point sur le sujet. La seule autre étude sur les violeurs avait été faite sur des étudiants à l'université et ne comprenait que des hommes.»

En effet, l'étude de Mme Ybarra a une conclusion surprenante: à partir de l'âge de 18 ou 19 ans, si on considère toutes les infractions sexuelles (dont les attouchements), les «agresseuses» sont aussi nombreuses que les agresseurs. Dans la catégorie des viols et des tentatives de viol, 20% des agresseurs sont des filles - et la plupart du temps, l'agression a lieu sur un garçon. «Il y a un mythe suivant lequel les garçons ne peuvent pas être victimes de filles, dit Mme Ybarra. Un garçon peut avoir une érection sans éprouver d'excitation.»

Ces résultats sont très étranges, selon Karine Tremblay, porte-parole du Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS). «Selon les chiffres que nous avons, seulement 2% des viols sont commis par des femmes, dit Mme Tremblay. Peut-être que cette étude américaine a un problème avec son échantillon. Après tout, il n'y avait que 49 cas dans la catégorie des viols et tentatives de viol. Il est aussi possible que les femmes soient plus susceptibles de déclarer leurs gestes violents. La violence et la domination des hommes sont très banalisées par la culture de la pornographie.»

L'étude du JAMA Pediatrics révèle aussi que les filles sont plus susceptibles que les garçons de participer à une agression de groupe. Sur ce point aussi, Mme Tremblay est sceptique. «On peut peut-être imaginer que les filles des gangs de rue participent au recrutement et à l'initiation, mais dans ce cas, les victimes seraient des filles.»

Le taux de viols dont fait état l'étude américaine est plus élevé que dans d'autres études qui colligeaient le nombre de victimes. Cela s'explique, selon Mme Ybarra, par le fait que plusieurs violeurs sévissent en série. «Il est aussi possible qu'il soit plus socialement acceptable pour une victime de rapporter un viol que pour le coupable, même si toutes ces recherches sont anonymes.»

Dans un cas sur deux, les violeurs considéraient d'ailleurs que la victime était responsable. «Le violeur peut être conscient d'avoir usé de force ou de coercition, mais il se justifie en disant que la victime a déjà accepté par le passé, dit Mme Tremblay. On a vu que c'était inacceptable dans le cas de la femme sodomisée pendant qu'elle était évanouie, qui s'est rendu jusqu'en Cour suprême.»

L'équipe de Mme Ybarra a observé que les violeurs sont plus susceptibles de regarder des vidéos pornographiques violentes. «Nous allons maintenant comparer les résultats aux six moments où nous avons fait des entrevues, entre 2006 et 2012, pour voir s'il y a un lien de cause à effet.»

Alcool et police

1%

Pourcentage des viols et des tentatives de viol chez les jeunes Américains qui ont fait l'objet d'un signalement à la police.

10%

Pourcentage des viols et des tentatives de viol chez les jeunes Américains qui impliquaient l'intoxication de la victime.

13%

Pourcentage des viols et des tentatives de viol qui impliquaient une menace ou l'utilisation de la violence.

73%

Pourcentage des cas de viol et de tentative de viol où la victime est l'amoureux ou l'amoureuse de l'agresseur.

Source : JAMA Pediatrics





Le viol au Québec

5293

Nombre d'infractions sexuelles, dont 4212 agressions en 2009

50%

Pourcentage des victimes qui avaient entre 12 et 24 ans

33%

Pourcentage des auteurs qui avaient entre 12 et 24 ans

Source : Ministère de la Sécurité publique, 2011