Des représentants de la communauté musulmane de Saguenay estiment que les actes de vandalisme commis sur une mosquée de la région sont des gestes isolés, une opinion que partage le maire Jean Tremblay. Les propos islamophobes contenus dans une lettre envoyée au lieu de culte ne sont pas à l'image des idées progressistes des citoyens de la région, estiment-ils.

Au cours de la fin de semaine, une substance qui pourrait être du sang de porc a été lancée sur le lieu de prière situé en plein coeur de l'arrondissement de Chicoutimi et que fréquentent sur une base régulière une soixantaine de musulmans, selon un responsable.

Parallèlement, une lettre contenant des propos à connotation islamophobe a été acheminée à la mosquée et à la station locale de Radio-Canada, qui a révélé l'incident dimanche.

La missive intitulée «Message pour les islamiques!», qui est accompagnée d'une carte géographique de la France et d'une photo d'une femme arborant le niqab, leur demande pourquoi ils viennent «dans notre pays si ce n'est que pour tenter de le changer à l'image du pays que vous avez fui?».

La lettre les invite également à abandonner «Hijab, Niqab, Burqa, Charia, etc...», à oublier leurs «revendications primitives», à cesser de se «sentir en permanence humiliés» et à s'intégrer à leur société d'accueil ou à rentrer chez eux.

«Stop! Ça suffit. Cette mosquée est baptisée avec du sang de porc frais du Québec! À suivre...», conclut la lettre.

Hussein Hassan, cofondateur de la mosquée, estime que ces gestes sont l'oeuvre de «fanatiques», de «personnes déséquilibrées» ou de «blagueurs», qui ne sont pas représentatifs des citoyens de Saguenay.

Selon lui, sa région d'adoption est tolérante et la communauté musulmane de Saguenay entretient d'excellentes relations avec ses voisins, a-t-il indiqué en réaction au reportage de Radio-Canada.

Pour l'instant, aucune plainte n'a été déposée à la police, mais l'Association islamique du Saguenay-Lac-Saint-Jean étudie toujours cette option. Une analyse de la situation sera faite lundi et une décision sera prise par le comité de direction de la mosquée, a confié Mustapha Élayoubi, président de l'organisation.

Il révèle que la mosquée a vu le jour il y a une quinzaine d'années et que sa fondation visait à éviter des situations d'accommodements raisonnables.

«La mosquée a été créée afin d'éviter la création de salles de prières dans les lieux d'enseignement», a expliqué M. Élayoubi.

Selon lui, les actes de vandalisme ont été commis par une «personne ignorante de la dynamique régionale», soutenant que sa communauté a toujours vécu en harmonie avec les autres de la région.

Le maire de Saguenay, Jean Tremblay, dit avoir été choqué d'apprendre qu'un lieu de culte de sa municipalité pouvait être la cible d'un tel geste d'intolérance.

«Ce n'est pas la mentalité des gens de la région. C'est un acte isolé et stupide. Je ne peux pas penser qu'il y a des gens qui pensent comme ça. Ça ne prend qu'un ou deux stupides pour faire des actes comme ça», a indiqué le maire Tremblay, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Il ajoute que sa région accueille relativement peu de citoyens de confession musulmane.

«Il faut savoir les accueillir de façon normale. Ce n'est pas comme ça qu'on va démontrer notre ouverture. On demande d'être tolérant, alors il faut l'être aussi. Ces gens-là ne nous dérangent pas du tout», insiste le premier magistrat de la ville de Saguenay.

Plainte ou pas, le Service de police de Saguenay enquêtera sur les événements du week-end.

«L'incitation à la haine envers un groupe religieux est interdite par le Code criminel. L'incitation à la haine envers ces groupes aussi. Notre service des enquêtes va se pencher sur le dossier», a déclaré Denis Harvey, lieutenant au sein du Service de police de Saguenay.

L'incident survient à un peu plus d'une semaine du dépôt par le Parti québécois de ses propositions au sujet d'une «charte des valeurs québécoises».