Hydro-Québec a déjà envoyé plus de 35 000 avis d'interruption de service aux clients qui avaient des factures en souffrance en date du 30 avril, a appris La Presse. Une augmentation de 16,6% comparativement à l'année dernière pour la même période.

Du 1er décembre au 30 mars, la société d'État ne peut pas couper l'électricité aux clients ayant des comptes en souffrance pour des raisons humanitaires. En dehors de cette période, rien n'empêche Hydro-Québec de sévir en procédant, entre autres, à des débranchements.

Ainsi, en date du 30 avril, «il y a eu 35 000 avis d'interruption émis qui ont mené à 5385 interruptions de service», écrit dans un courriel Patrice Lavoie, conseiller stratégique aux affaires publiques pour Hydro-Québec. Il y a eu par contre 381 débranchements de moins qu'en 2012.

Dans le même sens, la société d'État a déjà procédé à «82 000 ententes de paiement avec les clients résidentiels, dont 23 000 étaient des ententes pour des clients à faible revenu», explique M. Lavoie.

Un scénario récurrent

La situation n'est pas nouvelle. En 2012, Hydro-Québec a envoyé 123 568 avis d'interruption pour l'ensemble de l'année. De ce nombre, 41 438 foyers ont subi un débranchement, selon le rapport annuel de la société d'État.

«En 2012, Hydro-Québec a conclu des ententes de paiement visant à faciliter le règlement de 183 888 ententes pour les clients résidentiels, dont 57 567 ententes pour des clients à faible revenu», poursuit Patrice Lavoie.

À noter, «le nombre d'ententes de paiement prises avec des clients à faible revenu en difficulté de paiement a augmenté de 49% en 2011, comparativement à 2010, et s'est généralement maintenu en 2012», a-t-il dit.

Ces mauvaises créances représentent des pertes financières pour Hydro-Québec. En 2012, elles s'élevaient à 80,2 millions de dollars, comparativement à 91,1 millions en 2011 et à 137,8 millions en 2010, selon des données fournies par la société d'État.

Des travailleurs pauvres

Pour les organismes de consommateurs, ce sont les «travailleurs pauvres» qui font souvent les frais des débranchements, remarquent-ils.

«Hydro-Québec a accentué les recouvrements pour la clientèle qui n'est pas forcément à faible revenu, mais en difficulté financière», remarque Karine Robillard, avocate et conseillère chez Option consommateurs.

«Il n'y a pas de solution pour les revenus modestes. On parle des travailleurs pauvres: ceux qui ont un emploi, mais pas assez de revenus pour payer l'ensemble des factures, par exemple», explique Émilie Bernet-Pelletier, de l'Association coopérative d'économie familiale de l'est de Montréal et membre de l'Union des consommateurs.

À noter, «une personne seule doit avoir un revenu mensuel brut de 2330$, incluant les diverses allocations, pour être considérée comme à faible revenu chez Hydro-Québec», rappelle Karine Robillard.

Les organismes s'accordent cependant pour dire qu'Hydro-Québec a fait «de gros efforts» pour faciliter les ententes de paiement auprès des clientèles à faible revenu au cours des dernières années.