Centre L'Estime, Asbestos

Le centre L'Estime d'Asbestos est dans la ligne de mire du gouvernement du Québec pour la durée de ses séjours. En septembre 2012, pas moins de six bénéficiaires cumulaient des séjours de deux ans et demi ou plus dans le centre de thérapie, alors qu'officiellement, la thérapie à L'Estime dure six mois.

«Il y avait des gens qui étaient là un an, deux ans, d'autres qui tournaient dans d'autres centres et revenaient. C'était comme un Club Med», rapporte un bénéficiaire qui a passé trois mois sur place.

La directrice clinique du centre, Marie-Claude Tardy, dit que ces durées «étaient justifiées» sur le plan clinique.

En 2008, le centre a été blâmé par le coroner pour avoir fait preuve de laxisme: une cliente était décédée sur place. Quatre ans plus tard, L'Estime est en processus de renouvellement de sa certification. Selon une source au ministère de la Santé, la certification lui serait refusée.

Depuis trois ans, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale a versé près de 3 millions de dollars au centre L'Estime.

Pavillon Espoir et Renouveau, Chertsey

En mai 2012, ce centre s'est d'abord vu refuser la certification. «Ils ne remplissaient pas les critères de base», indique Dominique Martel, responsable de la certification.

Quelques mois plus tard, le même centre a présenté une nouvelle demande. «On a eu des problèmes internes avec notre superviseur clinique», plaide Sylvain Brisson, directeur général. Il refuse d'en préciser la nature.

«Je peux refuser une demande de certification une journée et le lendemain, le centre peut déposer une nouvelle demande. On est obligés de la considérer», explique Danièle Couture, directrice des services sociaux à l'agence de Lanaudière. Et les centres peuvent ainsi avoir de nouveau accès aux fonds de l'aide sociale.

Ces «centres champignons» causent un tort considérable aux centres certifiés, s'indigne Louis Gravel, directeur du Centre Nouveau Regard, certifié depuis 2010. «C'est un vrai fléau. Ils entachent notre réputation. Et c'est nous qui ramassons les bénéficiaires qui en sortent encore plus amochés.»

C'est la somme que reçoivent chaque jour les centres privés pour tout bénéficiaire de l'aide sociale qu'ils hébergent.

***

EN CHIFFRES

100 C'est le nombre de centres privés de thérapie au Québec. Le quart est non certifié.

6 mois C'est le délai moyen pour qu'un centre effectue le processus de certification.

30 C'est le nombre de mois qu'ont passés les bénéficiaires de certains centres en thérapie.

2010 C'est l'année où la certification est devenue obligatoire. Auparavant, aucune procédure ne régissait l'ouverture de telles ressources.

3 C'est le nombre d'inspections réalisées dans les centres privés de thérapie dans la région de Lanaudière l'an dernier.