Les honoraires des firmes de génie-conseil ont tellement chuté qu'à la Ville de Laval, on craint que la qualité des services professionnels ne soit plus au rendez-vous. Pour y remédier, l'administration a décidé de se «réapproprier le processus de gestion et de surveillance» en ingénierie.

Pour le directeur général de Laval, Gaétan Turbide, c'est le retour du balancier. Après avoir été confronté à des prix vraisemblablement gonflés de 30%, le monde municipal fait face au problème inverse depuis la mise en place de l'escouade Marteau.

«On voit des réductions des honoraires professionnels considérables, tellement que ça nous inquiète», indique M. Turbide. Il craint des répercussions comme une hausse des frais supplémentaires (extras) ou même la complaisance des ingénieurs à l'égard des entrepreneurs.

«Les taux qu'on voit présentement ne reflètent pas ce que ça prend, en terme de services professionnels, pour réaliser le mandat qui est confié. On n'a pas diminué les critères, au contraire. Cela ne garantit donc pas un service complet. C'est sûr que les entreprises vont chercher à tourner les coins ronds, à laisser faire le travail par d'autres», explique-t-il.

Virage

Depuis au moins un an et demi, M. Turbide et son équipe ont donc amorcé un changement majeur: «se réapproprier le processus de gestion et de surveillance» en ingénierie. «C'est une organisation en pleine mouvance», affirme-t-il, en soulignant que le défi ne s'annonce pas de tout repos. Les changements entrepris devraient générer des économies d'au moins un million par année.

En 2012, Laval a embauché cinq ingénieurs afin d'assumer la planification des projets. La Ville recrute à l'heure actuelle six autres ingénieurs, qui auront la responsabilité de la surveillance des chantiers. Les méthodes de travail varieront en fonction des chantiers afin d'éviter qu'elles ne soient prévisibles et vulnérables.

La Ville souhaite également éviter la concentration des dossiers dans les mains des mêmes fonctionnaires. Les ingénieurs pourraient toutefois provenir de firmes de génie ou d'entrepreneurs en construction, reconnaît M. Turbide.

En entrevue à La Presse il y a quelques jours, le maire intérimaire de Laval, Alexandre Duplessis, a indiqué que «c'est le timing idéal pour changer les choses». Outre l'ingénierie, l'administration lavalloise rapatrie également les services de communication et de relations de travail qui, jusque-là, étaient confiés à des entreprises privées.