Le libertarien le plus éminent des États-Unis, Ron Paul, a reçu une ovation d'un groupe conservateur canadien, vendredi à Ottawa, lors d'une conférence annuelle de la droite, après avoir prononcé un discours dans lequel il a souhaité l'abolition des banques centrales, de l'impôt sur le revenu et des programmes sociaux.

Mais dans les coulisses de la conférence, organisée par le Manning Centre for Building Democracy, certains conservateurs ont noté que les idées de M. Paul étaient complètement déconnectées du mouvement conservateur modéré canadien.

Seuls quelques députés conservateurs ont assisté au discours de M. Paul, dans lequel il a parlé de ses opinions sur l'importance des libertés individuelles, et des problèmes avec les modèles économiques présentement utilisés - des opinions toutes centrées sur le concept que le gouvernement devrait se retirer de la vie des gens afin de faire place au libre marché.

M. Paul - candidat défait à la direction du Parti républicain - s'oppose à la politique monétaire centralisée, à l'aide gouvernementale au secteur privé, aux programmes sociaux fédéraux et à la régulation des drogues illicites. Aux États-Unis, il prône l'abolition des départements de la Santé et de l'Éducation.

«Ne serait-il pas correct d'assumer que le fruit de votre labeur vous appartient?», a dit M. Paul en étant interrompu par des applaudissements. «Mon Dieu, quel concept difficile à accepter. Qu'est-ce que ça signifie? Qu'il n'y aurait plus d'impôts sur le revenu? C'est exact, nous n'aurions plus d'impôts sur le revenu parce que cet argent vous appartiendrait.

«Ensuite, tout le monde s'inquiéterait de savoir comment paierait-on le gouvernement? Et bien, pourquoi ne pas avoir un gouvernement moins important et nous n'aurions plus à nous inquiéter de ça. C'est ça que j'aime.»

L'hôte de la conférence, l'ancien chef du Parti réformiste du Canada Preston Manning, a posé des questions à M. Paul un peu plus tard, mais n'a pas remis en cause son point de vue.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a établi son programme de mesures de stimulation - le «Plan d'action économique» - comme fondement du programme du gouvernement. Ses programmes de perspectives d'emploi, son aide aux personnes âgées ou aux clubs de motoneiges et à d'autres secteurs industriels vont à l'encontre des préceptes non interventionnistes de Ron Paul.

M. Harper lui-même, lors d'un discours à cette conférence en 2009, avait critiqué les faiblesses du libertarianisme.

M. Manning a qualifié les réactions exubérantes au discours de M. Paul de preuves que les conservateurs - contrairement aux libéraux - sont prêts à examiner des questions et des enjeux complexes. «Ce que vous devez comprendre lors de cette conférence, c'est que les conservateurs n'ont pas peur de s'analyser», a expliqué M. Manning.

«Nous n'organisons pas des conférences simplement pour nous féliciter de nos positions, ce qui, je crois, est la caractéristique principale du congrès à la chefferie du Parti libéral présentement.»